Thèse soutenue

Construction d'une représentation stable de la parole chez le nouveau-né humain
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Auteur / Autrice : Cécile Issard
Direction : Judit Gervain
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences cognitives
Date : Soutenance le 29/11/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Laboratoire : Laboratoire Psychologie de la Perception / LPP - UMR 8242
Jury : Président / Présidente : Arlette Streri
Examinateurs / Examinatrices : Judit Gervain, Arlette Streri, Fabrice Wallois, Anne-Lise Giraud, Gábor Háden
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabrice Wallois, Anne-Lise Giraud

Résumé

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Nous avons tous une voix différente, nos intonations changent tout le temps et nous avons peut-être un accent étranger, mais nous percevons toujours les mêmes syllabes et les mêmes mots. De même, les nourrissons apprennent leur langue maternelle à partir de divers locuteurs qui parlent à des vitesses et avec des intonations variables. Par conséquent, une question clé est de savoir comment les humains parviennent à extraire ces représentations invariantes des sons de la parole dès le début de leur vie. Cette thèse vise à éclairer la manière dont ces représentations stables de la parole sont construites chez le nouveau-nés humain. Dans une première expérience, nous avons présenté de la parole normale, modérément (60% de la durée initiale) ou fortement compressé (30% de la durée initiale) dans la langue maternelle des participants. Nous avons enregistré la réponse hémodynamique à ces stimuli dans les cortex frontal, temporal et pariétal en utilisant la NIRS. Les résultats ne montrent pas de différence de réponse entre la parole compressée normale et 60%, mais des réponses différentes entre la parole normale et la parole compressée à 30% d'une part, et entre la parole compressée 60 % et à 30 % d'autre part dans un ensemble de régions frontales, temporales et temporo-pariétales. Ces résultats montrent que le cerveau du nouveau-né répond de manière stable à la parole sur une gamme d'échelles temporelles, comme ce qui a été observé chez l'adulte. Dans une deuxième série d'expériences, nous nous sommes demandé si cette capacité repose sur l'expérience prénatale avec la structure rythmique de la langue maternelle. Nous avons reproduit la même expérience dans deux langues inconnues, une rythmiquement similaire (l'espagnol) et une autre rythmiquement différente de la langue maternelle (l'anglais). Aucune différence entre les trois taux de compression n'a été observée en espagnol. En anglais, seule la parole fortement compressée évoquait des réponses significatives dans une région temporo-pariétale également activée pour le français. Cela confirme que la parole fortement compressée est traitée de façon différente par le cerveau du nouveau-né. Cela montre également que l'expérience prénatale façonne le traitement auditif de la parole à la naissance. En particulier, l'expérience prénatale de la structure prosodique ou phonologique de la langue maternelle contribue à encoder la parole de manière stable, potentiellement en aidant les nourrissons à placer des repères dans le signal. Pour conclure, les résultats présentés dans cette thèse soutiennent l'idée que la parole est encodée comme un objet auditif abstrait, dès les étapes de traitement auditif. Ce code est par la suite modulé par les étapes de traitement linguistique, intégrant les connaissances du sujet sur sa langue maternelle. Ces connaissances sont acquises dès la vie intra-utérine, permettant dès la naissance d'encoder la parole de façon robuste et adaptée à l'environnement linguistique.