Girls wanted : l'influence des politiques publiques sur la sélection sexuelle en Corée du Sud, en Inde et au Vietnam
Auteur / Autrice : | Laura Rahm |
Direction : | Christophe Z. Guilmoto |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie, démographie |
Date : | Soutenance le 08/06/2018 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019) |
Jury : | Président / Présidente : Jacques Véron |
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Z. Guilmoto, Jacques VĂ©ron, Ito Peng, T.V. Sekher, Jutta Joachim, Andrea M. den Boer | |
Rapporteur / Rapporteuse : Ito Peng, T.V. Sekher |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Plus de 130 millions de femmes sont portées disparues dans le monde pour cause de sélection en fonction du genre. La plupart d'entre elles ont été avortées de manière sélective, ont été l'objet de négligence fatale durant l'enfance ou ont été tuées après la naissance parce qu'elles étaient des femmes. La sélection sexuelle - pratiquée avant tout en Asie, dans le Caucase et en Europe de l'Est - a suscité de vives inquiétudes globalement en raison de ses implications en matière de droits humains, de santé et de conséquences démographiques. Depuis les années 1980, plusieurs pays asiatiques ont adopté des politiques pour contrer cette forme de discrimination. Bien que les politiques publiques soient souvent promues comme une solution, on sait peu de choses sur ces politiques et leur influence sur les déséquilibres de sexe à la naissance. De plus, seules quelques études relient ces politiques aux tendances des rapports de masculinité. Compte tenu de l'hétérogénéité des pays affectés par la sélection sexuelle, cette recherche vise à comprendre le déroulement des politiques publiques en divers contextes socioculturels. Quels sont les intentions, les instruments et les impacts des politiques publiques contre la sélection sexuelle dans différents pays asiatiques ? L'Inde, le Vietnam et la Corée du Sud ont été choisis dans le cadre du Most Different Systems Design pour représenter la diversité des pays dans leur réponse à la masculinisation démographique. La comparaison de politiques similaires en différents pays fournit une expérience naturelle pour évaluer leur influence sur la sélection prénatale du sexe. Nous présentons de nouvelles recherches empiriques, menées en Corée du Sud, en Inde et au Vietnam entre 2014 et 2015 et basées sur des entretiens d'experts, ainsi que des analyses statistiques pour comparer les zones avant et après l'intervention politique. Cette thèse montre que les trois pays partagent des instruments politiques similaires, notamment des interdictions légales, des campagnes de sensibilisation, des plaidoyers, des incitations et des lois sur l'égalité des sexes pour renforcer le rôle des femmes dans la société. Cependant, les intentions politiques variaient d'un pays à l'autre : renforcer les droits des femmes en Inde, promouvoir une structure de population équilibrée au Vietnam, protéger les droits du fœtus en Corée du Sud. En termes d'impact, les politiques eurent une efficacité limitée. En Corée du Sud, les changements sociaux et familiaux plutôt que les politiques expliquent le déclin de la sélection du sexe. En Inde, les interventions politiques ont montré un impact positif de la réduction des déséquilibres sexuels à l'échelle locale en raison d'un leadership fort et d'un effet bottom-up, mais avec des effets indésirables. Au Vietnam, l'interdiction légale de la sélection du sexe a probablement déclenché le début de la masculinisation à la naissance. Les autorités vietnamiennes ont opté pour une stratégie top-down et à long terme. Les interventions régionales ont été intensifiées malgré l'absence de preuves de l'efficacité des politiques. La collaboration internationale pour lutter contre la sélection du sexe a facilité le transfert de politiques et de connaissances transnationales, où les enseignements tirés des expériences sont partagés entre les pays. Cette atmosphère a contribué à une convergence croissante des politiques. Néanmoins, les gouvernements interprètent ces politiques en fonction de leurs propres intentions et stratégies de mise en œuvre. Nos résultats apportent ainsi une contribution à un domaine peu étudié. Bien plus, ils permettent une meilleure compréhension de l'interaction complexe entre dynamiques locale et mondiale dans la lutte contre la sélection sexuelle. Le cadre théorique élaboré pour conceptualiser les différents niveaux d'influence peut également servir à évaluer d'autres questions de santé publique et de genre au 21e siècle.