Thèse soutenue

La muse géomètre. L'épopée dans l'Europe du XVIIIe siècle

FR  |  
EN  |  
PL
Auteur / Autrice : Dimitri Garncarzyk
Direction : Françoise Lavocat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature générale et comparée
Date : Soutenance le 05/11/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Centre d'études et de recherches comparatistes (Paris)
Jury : Président / Présidente : Aleksandr Fedorovič Stroev
Examinateurs / Examinatrices : Françoise Lavocat, Aleksandr Fedorovič Stroev, Alain Génetiot, Larry F. Norman, Roman Dąbrowski, Florence Goyet
Rapporteur / Rapporteuse : Alain Génetiot, Larry F. Norman

Mots clés

FR  |  
EN  |  
PL

Résumé

FR  |  
EN

Le corpus épique du 18e siècle en France, en Angleterre, en Pologne et au Danemark révèle trois types de survivance de l’épopée : (1) une survivance théorique dans la poétique spéculative (dont le modèle relativement incontesté est au 18e siècle l’Art poétique de Boileau), (2) l’épopée héroïque (comme la Henriade de Voltaire), toujours critiquée pour ses imperfections ; et (3) l’épopée comique (sur le modèle du Lutrin de Boileau), au succès bien plus unanime tant au 18e siècle qu’au regard de la postérité : The Rape of the Lock d’Alexander Pope, Peder Paars de Ludvig Holberg, Myszeis d’Ignacy Krasicki. L’épopée ne pourrait-elle ainsi survivre qu’au prix de sa dégradation de l’héroïque au comique ? Le poème héroïque serait-il donc tant étouffé par ses règles qu’il ne puisse exister dans la modernité qu’au prix d’un burlesque libérateur qui en relâche l’emprise ? Si, depuis la fin du 17e siècle, les échecs du genre épique sont régulièrement attribués à sa surthéorisation, il semble pourtant que l’héroïcomique se révèle au 18e siècle la forme par excellence de la régularité poétique. Loin d’être étouffé par ses règles, le genre épique tel que le conçoivent des théoriciens et des poètes inspirés par le classicisme français comme Alexander Pope, Ludvig Holberg, Charles Batteux, Ignacy Krasicki ou F. X. Dmochowski est à la fois régulier et vivant. L’efficacité du genre épique, qui englobe alors l’héroïcomique, dépend de son inscription dans un cadre formel « classique » qui se fonde largement sur les relectures de la Poétique d’Aristote au 18e siècle. Le reconstituer, c’est définir une « lisibilité classique » – c’est-à-dire un horizon d’attente esthétique et normatif dans lequel les règles ne sont pas des slogans, mais définissent réellement des pratiques poétiques signifiantes. La thèse explore, dans ses cinq parties, les implications de cette idée au niveau de la réception des textes épiques modernes (I), de la composition de l’ouverture épique conçue comme patrice du poème (II), des représentations de l’inspiration et du rôle du poète épique (III), de la fiction poétique (la « fable », IV) et de la textualité épique (diction et tableaux épiques, V). Les épopées anglaises, danoises ou polonaises étudiées témoignent ainsi des métamorphoses que connaît au 18e siècle le classicisme, européanisé et vivant – quand les ambitions refondatrices de Voltaire s’inscrivent en faux par rapport à une doctrine normative dont le poète français perçoit, moins que certains de ses contemporains, la productivité.