Thèse soutenue

La forme-frontalière ˸ la quête d’une esthétique décoloniale du Nouveau Cinéma Latino-américain
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Auteur / Autrice : Jorge Velasco Flores
Direction : Jean-Pierre Bertin-Maghit
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études cinématographiques et audiovisuelles
Date : Soutenance le 23/10/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts et médias (Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel (Paris)
Jury : Président / Présidente : Pierre Civil
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Bertin-Maghit, Pierre Civil, Nancy Berthier, Ramiro Noriega

Résumé

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« La forme-frontalière : la quête du Nouveau Cinéma Latino-américain d’une esthétique décoloniale » porte un regard actuel sur les débats autour du cinéma et sa capacité d’agir sur le plan géopolitique. Pendant les années 1960 et 1970, les cinéastes du Nouveau Cinéma Latino-américain ont cherché à construire un « nouvel homme latino-américain » appelé à faire la révolution à travers un cinéma de décolonisation. Les six films analysés dans ce travail abordent cette esthétique décoloniale en s'appuyant sur la tradition artistique latino-américaine du syncrétisme culturel dont la pierre angulaire est une appropriation transgressive de l'héritage de la culture coloniale : le Baroque. Dans le premier chapitre nous avons voulu expliquer les racines baroques de la forme-frontalière du NCL. À travers des théories sur la spécificité de la culture latino-américaine, de la littérature et des beaux-arts nous retraçons la ligne historique d’un « esprit décolonial latino-américain » – toujours nourrie par le Baroque – depuis le XVIIème jusqu’à nous jours. En suivant la pensée des spécialistes du Baroque latino-américain, nous proposons que les formes baroques latino-américaines réapparaissent en raison de « cycles » dont le NCL serait le dernier « recyclage » de cette tradition esthétique. Ainsi, le NCL témoignerait une « transposition » du baroque latino-américain au cinéma et d’une « légitimation » de la culture latino-américaine pendant un bouleversement géopolitique. Dans le deuxième chapitre nous avons tenu à expliquer les caractéristiques de la forme-frontalière du NCL et de ses origines dues au processus de transculturation mis en place depuis la « découverte » de l’Amérique. Nous affirmons que l’esthétique du NCL est décolonial car il atteste d’un jeu de perspectives entre les frontières de la modernité, de la colonialité et de l’extra-modernité. Nous analysons le détournement décolonial du NCL à travers deux axes principales : l’esthétique baroque latino-américaine et le Néoréalisme italien. Le Baroque latino-américain, éclectique et parfois anti-colonial, se voit reflété dans l’esprit d’inclusion des formes sensibles de différentes épistémologies. Par rapport à l’influence du Néoréalisme, nous proposons l’hypothèse que ce cinema est aussi l’héritier de la tradition esthétique du Baroque italien. À partir de cette idée nous essayons de tracer deux lignes de développement parallèles et synchroniques de l’histoire du cinéma, d’un côté le « Classicisme cinématographique » et de l’autre le « Baroque cinématographique ». Le Classicisme cinématographique est l’héritier du Classicisme historique et ses fondements formels se trouvent dans le cinéma classique d’Hollywood qui est l’aboutissement d’un système de représentation cohérente. Le Baroque au cinéma, au contraire, est héritier du Baroque historique, c’est-à-dire d’une « autre » esthétique moderne, souterraine et subalterne propre à l’Europe méridionale et au monde colonial. Ainsi, le NCL propose une vision « contre-hégémonique », « subalterne » et « subversive » de l’Amérique latine qui s’oppose à l’histoire officielle du sous-continent. Cette histoire et ce cinéma officiels produits par les élites n'inclussent pas dans les cosmovisions amérindiennes et afro-américaines. Le NCL est produit principalement du point de vue de la colonialité, mais aussi de l’extra-modernité, vers la modernité, détournement du système de représentation classique, qui essaie de tourner en « dérision », ou de rendre « carnavalesque », des formes esthétiques hégémoniques. Le détournement décolonial de l’idée de l’« Amérique latine » aboutit, à travers des formes filmiques, un cinéma, et donc une œuvre artistique, qui peut développer l’imaginaire de la décolonisation.