Thèse soutenue

Déterminants des pratiques de diversification alimentaire des enfants de l’étude ELFE : données de santé, caractéristiques socio-économiques et démographiques familiales, croissance précoce de l’enfant.

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Marie Bournez
Direction : Sophie Nicklaus
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Médecine, santé publique, environnement et société
Date : Soutenance le 26/10/2018
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre des Sciences du Goût et de l'Alimentation (Dijon ; 2010-....)
: Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Laurent Brondel
Examinateurs / Examinatrices : Katia Castetbon, Hélène Thibault
Rapporteurs / Rapporteuses : Sandrine Peneau, Katia Castetbon

Résumé

FR  |  
EN

Les pratiques d’alimentation du nourrisson pourraient être impliquées dans la genèse des maladies cardio-métaboliques, via une programmation nutritionnelle précoce. Ces pratiques ont été relativement peu décrites en France et en connaître les déterminants pourrait permettre de mieux cibler les actions de prévention nutritionnelle.Pour plus de 11 000 enfants suivis au sein de la cohorte ELFE (Etude Longitudinale Française depuis l’Enfance), nous avons calculé l’âge d’introduction de la diversification (AD) et des groupes d’aliments, évalué les ajouts de sucre, sel et matières grasses (MG) de 3 à 10 mois, et défini trois composantes principales d’alimentation précoce. Leurs associations avec certaines caractéristiques familiales ont été évaluées, en précisant l’influence de la croissance précoce de l’enfant, par des régressions multivariées logistiques ou linéaires selon les cas.La plupart des nourrissons (62%) ont débuté la diversification entre 4 et 6 mois, 26% avant 4 mois, et 12% à partir de 6 mois. Les mères fumeuses, plus jeunes, nées à l’étranger et d’un niveau d’études moins élevé, étaient plus susceptibles d'introduire la diversification avant 4 mois. Les mères ayant eu une fille, un nouveau-né de rang 2, celles qui ont suivi au moins un cours de préparation à la naissance et celles qui ont allaité plus longtemps étaient plus susceptibles de l’introduire après 6 mois, sauf si les parents étaient nés à l’étranger.Les légumes, fruits et pommes de terre étaient les premiers groupes introduits, majoritairement entre 4 et 6 mois. Avant 10 mois, 73% des enfants ont reçu des céréales infantiles et seuls 32% des enfants ont reçu des œufs. En revanche, 36 % des enfants ont reçu des jus de fruits et plus de 75% des enfants consommaient des desserts sucrés. L’introduction avant 4 mois des groupes céréales infantiles, légumes, fruits, pomme de terre et produits laitiers était associée aux mêmes caractéristiques que la diversification avant 4 mois. Etre une fille et la durée d'allaitement maternel étaient positivement liés à l’introduction de presque tous les groupes après 6 mois.Trois composantes d’alimentation précoce étaient déterminées par 1/ une fréquence de consommation « plus élevée » des groupes d’aliments, 2/ une consommation avant 6 mois des aliments, 3/ une durée plus longue d’allaitement maternel et introduction tardive des préparations infantiles.Environ 30% des enfants ont reçu des ajouts de sucre et de sel et 64% de MG. L’allaitement maternel était positivement associé à l'ajout de MG, de sucre et de sel, alors qu’un AD avant 4 mois était positivement lié à l'ajout de sucre et sel et négativement à l’ajout de MG.Le surpoids et l’obésité maternels étaient liés à une diversification avant 4 mois, avec des interactions entre l’IMC maternel, le sexe de l’enfant, et les préoccupations maternelles en lien avec la santé de l’enfant.Les enfants qui à 3 mois avaient un poids et une taille plus élevés et qui prenaient du poids le plus rapidement avaient une plus grande probabilité d’être diversifiés plus tôt, notamment avant 4 mois et recevaient moins de MG ajoutées. Une corpulence plus élevée à 3 mois était liée à une diminution de l’ajout de MG. Une crainte du surpoids et la lipidophobie pourraient expliquer que les MG soient peu fréquemment ajoutées.Le suivi longitudinal prévu dans ELFE permettra d’évaluer l’effet de ces pratiques d’alimentation précoce sur la croissance staturo-pondérale des enfants. De plus, nos résultats pointent l’importance de prendre en compte les caractéristiques familiales, dont les pratiques d’alimentation et de soin à l’enfant et les sources d’information utilisées, pour diffuser les recommandations par des canaux innovants et personnalisés.