Thèse soutenue

De l'égalité formelle aux usages réels : déterminants et effets du suivi des MOOC dans les trajectoires socio-professionnelles

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Eléonore Vrillon
Direction : Jean-François GiretGéraldine Farges
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 28/09/2018
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche sur l'éducation : sociologie et économie de l'éducation (IREDU) (Dijon)
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Giret, Géraldine Farges, Patricia Champy-Remoussenard, Yannick Fondeur, Emmanuel Quenson
Rapporteurs / Rapporteuses : Éric Bruillard, Patricia Champy-Remoussenard

Résumé

FR  |  
EN

L’éducation et la formation sont des institutions centrales de notre société. Garantes de l’intégration sociale et professionnelle des individus, elles ont aussi été érigées en piliers stratégiques du dynamisme économique dans la « société de la connaissance » (CE, 2000). Pour autant, bien que porteuses des valeurs démocratiques, elles sont le lieu d’observation de nombreuses inégalités, tant en formation initiale que professionnelle. Dans un contexte de précarisation du marché du travail, où le diplôme est nécessaire mais ne semble plus suffire pour assurer une intégration professionnelle stable, l’essor des Massive Open Online Course (MOOC) questionne. À partir d’une enquête mixte longitudinale, cette recherche s’est attachée à répondre à la problématique générale suivante : dans quelle mesure l’égalité formelle d’accès aux MOOC se traduit-elle par une égalité des chances pour les individus de les utiliser, d’y réussir et d’en tirer des bénéfices (objectifs et subjectifs) ? Cette étude des usages sociaux des MOOC et de leurs effets dans les trajectoires individuelles a été réalisée à partir de l’analyse de 5709 réponses d’inscrits au sein de 12 MOOC de France Université Numérique (FUN), réinterrogés un an plus tard (n=1778), et de 32 entretiens. Arguant en faveur d’une reproduction sociale des inégalités d’accès, les résultats montrent que l’égalité formelle d’accès ne suffit pas à une appropriation par tous de ces ressources. Ces usages restent principalement le fait d’individus détenant un capital humain élevé, bénéficiant d’une « insertion professionnelle assurée » (Paugam, 2007[2000]), coutumiers de la formation professionnelle et ayant d’intenses pratiques culturelles. Plus qu’une nouvelle voie d’accès à la formation, les MOOC semblent constituer un moyen supplémentaire, nécessitant des prérequis implicites. Pour autant, la construction d’une typologie d’usage a permis de mettre au jour que les MOOC peuvent constituer, même pour ces derniers, une réelle opportunité de formation. Majoritairement saisis dans un rapport a priori désintéressé de loisirs culturels, ils sont aussi utilisés pour satisfaire des objectifs formatifs variés. Ces six registres d’usage sont par ailleurs plus faiblement déterminés. L’évaluation de la réussite, lorsque les critères de l’achèvement et de la certification sont pertinents, met en évidence, pour ces individus favorisés, une égalité des chances d’y parvenir. Bien que ces usages sociaux n’aient, à court terme, aucun effet objectivable sur les trajectoires socio-professionnelles, ils sont porteurs de bénéfices plus subjectifs. Selon les particularités et la temporalité des « parcours biographiques » (Bourdon, 2010), ils participent au développement des identités personnelles et professionnelles ainsi qu’à une amélioration du vécu de certaines transitions. Loin de concurrencer en France le rôle des diplômes dans les parcours sociaux, les MOOC semblent plutôt en constituer un nouveau halo et participer à l’avènement d’une ère du signalement tout au long de la vie.