Thèse soutenue

Bénéfices d’un programme de réentrainement à l’effort chez des patientes atteintes d’un cancer du sein HER2-positif, en cours de traitement par trastuzumab en adjuvant. : impact sur la toxicité cardiaque, le déconditionnement, la fatigue et la qualité de vie relative à la santé

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Auteur / Autrice : Quentin Jacquinot
Direction : Fabienne Mougin-Guillaume
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Staps
Date : Soutenance le 09/11/2018
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Marqueurs pronostiques et facteurs de régulations des pathologies cardiaques et vasculaires (Besançon) - Marqueurs pronostiques et facteurs de régulations des pathologies cardiaques et vasculaires (Besançon)
Site de Préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Bruno Degano
Examinateurs / Examinatrices : Fabienne Mougin-Guillaume, Bruno Degano, Martine Duclos, Stéphane Mandigout, Alain Varray, Aude-Marie Foucaut, Jean-François Bosset, Nathalie Meneveau
Rapporteurs / Rapporteuses : Martine Duclos, Stéphane Mandigout

Résumé

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La surexpression du récepteur du facteur de croissance épidermique humain (HER2) dans le cancer du sein est de mauvais pronostic. La thérapie ciblée par trastuzumab améliore la survie globale des patientes mais est associé à une cardiotoxicité, avec notamment une diminution de la fraction d'éjection ventriculaire gauche (FEVG). L’objectif de ce travail de thèse a été d’étudier, chez des patientes suivies en oncologie médicale pour un cancer du sein HER2-positif, traitées exclusivement par trastuzumab, les effets d’un programme de réentrainement à l’effort, individualisé (12 semaines, 55 minutes, 3 fois/semaine), sur cycloergomètre, combinant des intensités modérées et élevées, d’une part sur la toxicité cardiaque, évaluée par la FEVG et la déformation longitudinale du ventricule gauche (DLVG) grâce à une échographie cardiaque et d’autre part sur les adaptations physiologiques à l’exercice, la fatigue, la douleur et la qualité de vie relative à la santé (QdVS). Cinquante-huit patientes ont été randomisées en deux groupes : contrôle (GC ; n=28 ; 49,9 ± 9 ans) et entrainé (GE ; n=30 ; 50,4 ± 7,8 ans). Toutes les variables ont été analysées en pré (T0), en post-intervention (T3) et 3 mois après celle-ci (T6). À T0, la VO2 pic (mL.min-1.kg-1), mesurée par une épreuve d’effort incrémentée, maximale, est faible dans les deux groupes (GE : 24,7 ± 1,4 et GC : 23,8 ± 1,3) sans que la différence ne soit significative. À T3, la FEVG et la DLVG n’ont pas diminué significativement, comparées aux valeurs basales (T0). De plus, le pourcentage de patientes n’ayant pas présenté de toxicité cardiaque est plus important dans le GE (89,3%) que le GC (84%) et chez celles qui ont développé une cardiotoxicité (n=7) la FEVG a diminué de 10,8% à T3. Par ailleurs, la puissance maximale (PM), la VO2 pic et le VO2/FC maximal sont significativement améliorés et les seuils d’adaptation ventilatoire (SV1) et de désadaptation ventilatoire (SV2) sont atteints pour des puissances et VO2 plus élevées dans le GE. En dépit d’une PM plus élevée, la lactatémie de fin d’effort n’est pas significativement différente, témoin d’une moindre acidose métabolique. Les intensités d’entrainement ont augmenté passant de 70 à 87 W en base et de 92 à 110 W au pic. Par ailleurs, les scores de la fatigue générale et physique, de l’interférence et de l’intensité de la douleur sont diminués et ceux de la QdVS sont plus élevés dans le GE. Les augmentations de PM et de VO2 pic sont associées à une moindre fatigue générale et à une plus faible interférence de la douleur et à une meilleure QdVS. Enfin, ni la PM, ni la VO2 pic sont associées à l’augmentation des scores des différentes dimensions du QLQ-C30, excepté l’âge qui est significativement associé à la dimension « fatigue » (OR : 0,081 ; IC95% [0,007-0,893] ; p<0,04). Ainsi, les patientes de plus de 50 ans ont plus de risque d’augmenter leur fatigue.À T6, bien que certaines variables soient légèrement diminuées par rapport à celles mesurées à T3, elles restent supérieures à celles observées à T0. Nos résultats démontrent qu’un programme d’entrainement encadré de 12 semaines est une stratégie efficace qui limite la toxicité cardiaque du trastuzumab, les capacités cardiorespiratoires et métaboliques à l’exercice, diminue la fatigue, la douleur et in fine améliore la qualité de vie des patientes atteintes de cancer du sein. Ces bénéfices ont été retrouvés 3 mois après l’intervention. L’AP doit ainsi faire partie intégrante des soins oncologiques de support pendant et après les traitements.