Thèse soutenue

La participation des aporoi aux guerres serviles sous la République romaine et leur relation avec les esclaves révoltés : idéologie dominante, praxis populaire et discordes civiles
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Auteur / Autrice : Fernando Martín Piantanida
Direction : Antonio GonzalesCarlos García Mac Gaw
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 30/05/2018
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté en cotutelle avec Universidad de Buenos Aires. Facultad de filosofía y letras
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)
Laboratoire : Institut des sciences et techniques de l'Antiquité (Besançon) - Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité
Jury : Président / Présidente : Sylvie Pittia
Examinateurs / Examinatrices : Antonio Gonzales, Carlos García Mac Gaw, Sylvie Pittia, Maria Teresa Schettino, Julián Alejandro Gallego, Carlos Astarita
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Pittia, Maria Teresa Schettino

Résumé

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Compte tenu de l'importance de l'antinomie esclavage/liberté dans la pensée des Grecs et des Romains à l'époque classique, la participation de quelques hommes libres aux mouvements dirigés par des esclaves révoltés renvoie à un problème complexe. Les esclaves-marchandises, définis comme « choses », étaient représentés comme des étrangers, comme les « autres » contre lesquels tous les citoyens (autant les riches propriétaires d'esclaves que les pauvres paysans et artisans) se sont définis eux-mêmes comme unité. La dichotomie esclave/citoyen servait à nuancer d'un point de vue idéologique les rapports d'exploitation et les différences de richesse entre les citoyens. Malgré les différences juridiques, politiques, idéologiques et sociales qui séparaient les hommes libres des esclaves, les sources narratives nous disent que certains hommes libres n'ont pas réprimé les esclaves rebelles comme ils auraient dû le faire en solidarité avec les riches, mais ont participé, au contraire, au pillage des biens de ces derniers ou se sont joints aux esclaves dans les révoltes. Dans ce travail nous étudions la participation de quelques hommes libres et pauvres (aporoi) aux guerres serviles sous la République romaine et leur relation avec les esclaves révoltés, problématique parfois négligée par l'historiographie. Face au courant historiographique qui néglige la participation des libres et celui qui la surestime, nous revalorisons une ligne de recherche qui atteste le caractère servile des insurrections (puisqu'il semble que le rôle principal de ces révoltes ait été tenu par les esclaves, tant du point de vue qualitatif que quantitatif) en affirmant parallèlement que la participation des hommes libres en fut un élément important. Nous croyons que cette lecture est la plus fidèle aux témoignages de nos sources et que nous apportons quelques éléments pour la repenser en abordant son étude dans le cadre de l'imaginaire démocratique classique qui tendait à encourager la solidarité citoyenne face à la menace servile, en analysant chaque révolte séparément afin d'évaluer la relation établie entre les couches inférieures de la société et en dégageant la participation des aporoi par leur révolte parallèle ou par leur intégration dans les rangs rebelles comme des symptômes des fortes tensions civiles à l'intérieur du corps citoyen que nous définissons en termes de staseis (discordes civiles) dont les révoltes serviles se sont nourries. C'est pourquoi nous croyons que la participation des aporoi fut au moins un facteur parmi d'autres favorisant les insurrections serviles. Dans le cas de la première guerre sicilienne et dans celui de la guerre des gladiateurs, nous soutenons l'idée de l'existence d'une alliance conjoncturelle entre les esclaves révoltés et les aporoi. En revanche, dans le cas de la seconde guerre servile, nous défendons l'interprétation selon laquelle les libres pauvres ont profité de l'occasion pour piller les propriétés des riches. Notre analyse vise à nuancer les visions théoriques les plus inflexibles qui en fonction de l'importance des barrières juridiques et idéologiques entre les hommes libres et les esclaves affirment l'absolue incommunicabilité entre les deux groupes. Il y eu des exceptions, comme par exemple dans les guerres serviles où un secteur des masses plébéiennes et libres a ignoré les constructions idéologiques qui représentaient les esclaves comme leur strict contraire.