Thèse soutenue

« De la campagne, d’accord, mais pas bête ! » : réciprocité, dons et luttes symboliques dans le tourisme à Areia (état de Paraiba – Brésil)

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Auteur / Autrice : Josilene Ribeiro De Oliveira
Direction : Dominique Jacques-JouvenotMaria Eduarda da Mota Rocha
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 02/10/2018
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté en cotutelle avec Universidade federal de Pernambuco (Récife, Brésil)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)
Laboratoire : Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie (Besançon) - Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie
Jury : Président / Présidente : Christian Guinchard
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Jacques-Jouvenot, Maria Eduarda da Mota Rocha, Christian Guinchard, Pierre Teisserenc, Yvan Droz, Éric Sabourin
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Teisserenc, Yvan Droz

Résumé

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Cette thèse s’intéresse au thème des luttes symboliques entre les citadins et les « sitiantes » (« petits propriétaires terrien »), dans un contexte de réélaboration de la ruralité. L’objectif général est d’analyser le processus de réinterprétation des pratiques paysannes à partir de la participation des « sitiantes » au développement du tourisme dans la municipalité d’Areia–État de Paraíba, dans le Nord este du Brésil. La recherche qualitative a un caractère éminemment ethnographique, favorisant l’observation des relations sociales dans la Communauté « Chã de Jardim » et les stratégies de reconversion des « sitiantes ». Les données ont été produites et collectées au travers de l’observation directe et d’entretiens semi directifs et directifs avec les artisanes, les travailleurs du Restaurant Rural Vó Maria, les membres de l’Adesco, les entrepreneurs du tourisme à Areia et les représentants des instances intermédiaires –rôle joué par des entités telles que le Senar, le Sebrae, le PBTur, la Cooperar, l’Atura, parmi d’autres impliquées dans la structuration du tourisme dans les zones rurales. En outre, une enquête exploratoire a été réalisée auprès des clients du restaurant Vó Maria, au travers de questionnaires et de l’accompagnement d’excursions, ce qui a permis de dresser un profil et d’identifier les demandes du public consommateur. L’analyse met en relation des catégories « indigènes » (produites par les propres personnes étudiées) et analytiques, en gardant en perspective les échanges symboliques entre les « sitiantes » et les autres agents. Les solidarités et les jeux d’intérêts qui marquent les relations entre eux sont traités à partir de la théorie du don de Marcel Mauss, de la sociologie de la domination de Pierre Bourdieu et de la notion de réciprocité hiérarchique de Marcos Lanna. L’hypothèse centrale est que la participation des « sitiantes » à la production de l’offre touristique est rendue possible par des alliances internes et externes, établies sur la base de l’échange de dons, suivant le principe de la réciprocité hiérarchique. D’une part, les échanges de dons avec d’autres agents tendent à promouvoir la reconnaissance sociale et à renforcer l’estime de soi ; et, d’autre part, ils engendrent une différenciation interne et de nouvelles hiérarchies, naturalisant la subordination et la domination symbolique des employés vis-à-vis des nouveaux « patrons ». Ainsi, les luttes symboliques sont conçues comme des luttes quotidiennes pour la reconnaissance et la dignité, visant à surmonter les processus d’infériorisation et d’invisibilité auxquels sont soumis les « sitiantes », et d’autres groupes mal situés dans l’espace social,dans leurs relations avec les dominants. Longtemps « invisibilisées», ces luttes n’ont pu émerger qu’au travers de la mise en œuvre de politiques publiques visant à lutter contre la pauvreté rurale, à promouvoir l’éducation dans les milieux ruraux et les actions de développement rural qui, en outre d’améliorer les conditions de vie de la population rurale, a permis l’émergence et le renforcement du leadership local. Loin d’être un mouvement à sens unique, qui se traduit par une véritable restructuration des positions dans l’espace social, les solidarités et les luttes observées entre les agents se révèlent être un processus complexe et ambigu, rempli de contradictions, au sein duquel différents niveaux de réciprocité sont établis,que ce soit au sein du microsystème communautaire ou dans les échanges entre les« sitiantes » et les entrepreneurs de la municipalité, les organismes intermédiaires ou les consommateurs, formant ce que l'on pourrait considérer comme un réseau étendu de circulation des dons dans le marché touristique de Brejo Paraibano.