Thèse soutenue

Ligatures : la reproduction des femmes indigènes au Guatemala, entre contrôles et résistances

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Auteur / Autrice : Anaïs Garcia
Direction : Stéphanie MulotValérie Robin Azevedo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie Sociale et Historique
Date : Soutenance le 23/11/2018
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire Solidarités, sociétés, territoires (Toulouse)
Jury : Président / Présidente : Arlette Gautier
Examinateurs / Examinatrices : Stéphanie Mulot, Valérie Robin Azevedo, Laëtitia Atlani-Duault, Jules Falquet, Michel Naepels
Rapporteurs / Rapporteuses : Arlette Gautier, Laëtitia Atlani-Duault

Résumé

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En 1996 au Guatemala, la signature des accords de paix met fin à 36 ans de guerre civile. Ayant touché spécifiquement les populations indigènes, les deux commissions de vérité estiment que l’armée et les paramilitaires ont mené des actes de génocide contre les populations mayas, entre autres en raison des violences sexuelles exercées contre les femmes. Au cours des deux décennies suivantes, de nombreux projets de développement menés par l’État, ainsi que diverses fondations et ONGs, visent à pallier l’extrême pauvreté qui touche les populations rurales indigènes. L’un de ces projets consiste en la diffusion de programmes de planification familiale. Les femmes indigènes sont principalement ciblées par les dispositifs médicaux et éducatifs qui sont mis en place dans ce cadre. L’objectif est alors de faire baisser drastiquement leur fécondité, par des méthodes durables et définitives, telle que la stérilisation féminine. Cet objectif s’accompagne de la diffusion d’un ensemble de normes de bonnes pratiques maternelles et reproductives. Les personnels médico-sociaux mobilisés pour faire intégrer ces normes vont parfois jusqu’à user de violences pour que les femmes indigènes s’y conforment. Dans l’exercice de leur mission, ces personnels estiment œuvrer pour le bien commun, celui de la nation mais aussi celui des femmes. Pourtant, les contraintes rencontrées par les femmes dans la gestion de la planification familiale leur permettent difficilement d’accéder pleinement à des droits reproductifs. L’ambition de cette thèse est de décrypter certains enjeux autour de la promotion de la stérilisation ciblée des femmes indigènes, dans un contexte de post-conflit où se développent des violences renouvelées contre ces femmes. Le travail de recherche, mené auprès d’institutions et de personnels médicaux en charge des programmes de planification familiale, ainsi qu’auprès de femmes issues de plusieurs communautés indigènes, permet de faire apparaître les rapports complexes qui se jouent entre les femmes indigènes et différents acteurs institutionnels, professionnels, communautaires et familiaux. Ces rapports, révélateurs des positions hiérarchiques de genre, d’ethnicité et de classe à un niveau local, national et international, produisent des impacts sur les trajectoires reproductives, et par extension sur les trajectoires de vie. À l’intersection de ces nombreux enjeux de pouvoir, la thèse montrera comment les femmes indigènes se retrouvent au cœur d’une question reproductive en tension avec laquelle elles doivent composer, pour négocier leur statut de citoyennes.