Le réalisme et son double au théâtre. Thomas Ostermeier, mise en scène et recréation
Auteur / Autrice : | Delphine Edy |
Direction : | Bernard Franco |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Soutenance le 10/12/2018 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre de recherche en littérature comparée (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Marielle Silhouette |
Examinateurs / Examinatrices : Georges Banu, Guy Ducrey, Clare Finburgh, Gérard Laudin |
Résumé
Les mises en scène récentes de T. Ostermeier explorent les liens entre littérature et art théâtral pour questionner, à l’aide d’un réalisme complexe qu’il réinvente, ce que les œuvres ont à dire de la réalité politique et sociale de notre présent. Il privilégie toujours pour cela des espaces entre qui permettent de briser la rigidité d’un respect littéral étouffant et de faire dialoguer le passé et le présent, l’actuel et le virtuel, le proche et le lointain. A la surface visible, son réalisme articule la profondeur invisible qui dédouble le réel en explorant sa spectralité à travers les personnages eux-mêmes, leur mémoire, leurs fantômes ; leur langue qui, entre traduction et retravail, crie le non-dit, le refoulé, l’absence ; l’espace des lieux-seuils, des (non)-lieux et des passages, des images du hors-scène, trop présent, ou de l’intime, insaisissable ; et même la musique dont les échos démultiplient les réseaux de sens. C’est dans la hantise de ces doubles que T. Ostermeier cherche à reconstruire un sens qui ne fasse pas abstraction des fêlures ni des fractures. Son travail doit être analysé comme une œuvre autonome qui convoque l’œuvre littéraire support pour la faire parler à nouveau, lui faire dire à nos oreilles d’aujourd’hui la douleur intemporelle du réel et l’espoir politique de reconstruire ce présent. La « déterritorialisation » constante du théâtre de T. Ostermeier, assumée, donne corps aux spectres qui sont l’autre nom de notre réalité pour que nous, spectateurs, puissions, finalement, nous en saisir. Refusant un théâtre et une littérature qui ne font qu’interpréter le monde, il s’agit pour T. Ostermeier de faire dialoguer l’un et l’autre pour le transformer.