« Gallos » et « Bretons » : représentations de l'Autre et mobilisation de la frontière linguistique dans les processus de construction identitaire : une approche anthropologique de la limite entre Haute et Basse-Bretagne
Auteur / Autrice : | Anne Diaz |
Direction : | Ronan Le Coadic, Philippe Pesteil |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue, littérature et culture bretonnes |
Date : | Soutenance le 05/07/2018 |
Etablissement(s) : | Rennes 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts, Lettres, Langues (Bretagne) |
Partenaire(s) de recherche : | COMUE : Université Bretagne Loire (2016-2019) |
Laboratoire : Centre de recherche bretonne et celtique | |
Jury : | Président / Présidente : Dejan Dimitrijević |
Examinateurs / Examinatrices : Elena Ivanovna Filippova, Elisabeth Cunin, Philippe Blanchet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Elena Ivanovna Filippova, Elisabeth Cunin |
Mots clés
Résumé
La Bretagne est traversée par une frontière linguistique séparant historiquement la Basse-Bretagne de langue celtique (le breton) et la Haute-Bretagne de langue romane (le gallo). En zone frontalière, la différence linguistique sert de support à des représentations stéréotypées de l’Autre et de sa langue. Bien que la limite ait longtemps été mouvante, que des échanges aient toujours eu lieu et que les histoires familiales mêlent fréquemment des personnes originaires des deux côtés, deux groupes présentés comme étanches sont constitués de longue date, les « Bretons » et les « Gallos ». En créant une altérité en apparence évidente, la frontière linguistique permet aux uns et aux autres, dans un double mouvement, de se différencier de leurs voisins et de s’identifier à leur groupe. L’analyse des représentations fait apparaître une forte asymétrie, nettement en faveur des Bas-Bretons et du breton, tandis que les Hauts-Bretons et le gallo sont souvent ignorés, voire font l’objet d’un franc mépris. Cette asymétrie va de pair avec une survalorisation de la Basse-Bretagne dans les discours sur l’identité bretonne face à une Haute-Bretagne fréquemment occultée. De nos jours, ces représentations anciennes continuent à influer sur les pratiques, le gallo faisant l’objet d’une faible mobilisation et ses locuteurs obtenant peu de moyens susceptibles d’aider à inverser le mouvement de déclin. La frontière est source de tensions au sein du mouvement de revitalisation des langues de Bretagne, qu’on la considère obsolète ou que l’on souhaite s’appuyer sur elle pour faire respecter un territoire et revendiquer des droits linguistiques.