Vers une pensée critique de la relation : Arnold Schoenberg et l’idée musicale
Auteur / Autrice : | Dimitri Kerdiles |
Direction : | Antoine Bonnet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Musique et musicologie |
Date : | Soutenance le 12/03/2018 |
Etablissement(s) : | Rennes 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts, Lettres, Langues (Bretagne) |
Partenaire(s) de recherche : | COMUE : Université Bretagne Loire (2016-2019) |
Laboratoire : Arts : Pratiques et Poétiques | |
Jury : | Président / Présidente : Anne Boissière |
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Feneyrou, Maud Pouradier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Christian Accaoui, Jean-Paul Olive |
Mots clés
Résumé
Parmi les écrits du compositeur viennois Arnold Schoenberg, nombreuses sont les occurrences d’un concept d’idée musicale [musikalische Gedanke] dont l’emploi polysémique paraît problématique à bien des égards. Celui-ci peut en effet se rapporter à l’oeuvre entière aussi bien qu’à une simple partie de sa forme, mais encore n’être qu’un objet possible de la nature dont la forme historique est elle-même contingente. Or, au-delà d’un usage commun issu de la terminologie formaliste du XIXe siècle, l’idée musicale est manifestement portée ici par une démarche réflexive, ni résolument prescriptive ni seulement descriptive, dont la cohérence et la portée peuvent être révélés par une étude compréhensive des quelques manuscrits – rarement explorés et jamais édités en langue française – où se réunissent les observations d’un compositeur soucieux de déterminer les lois d’une pensée « purement musicale ».À l’époque de la Première Guerre Mondiale, toute une décennie durant laquelle se joue pour Schoenberg un retournement à la fois esthétique et idéologique, les bouleversements historico-culturels accompagnent la révélation de la nature problématique d’une relation de sons pour « qui attend mieux de la musique qu’un peu de douceur et de beauté ». Car en effet, si les premières oeuvres atonales avaient été vécues comme une libération, comme une émancipation vis-à-vis de contraintes imposées de l’extérieur et constituant autant d’entraves à un idéal d’expression, bien vite se fit jour la question de la com-position, de sa possibilité logique. En ce sens, si le retrait de la tonalité a pu se justifier comme l’aboutissement d’un processus historique, il s’est révélé a posteriori n’être que l’acte inaugural indispensable d’une véritable pensée critique en musique, celle qui entreprend d’accorder l’art des sons aux principes et limites de la raison humaine. L’emploi schoenbergien de l’idée musicale révèle alors une pensée universelle de la relation musicale – tonale ou non –, développée selon une stricte analogie avec les formes discursives de la connaissance en général. Loin de ne refléter alorsqu’un système compositionnel personnel ou la technique spécifique d’une école, celle-ci déborde largement du champ musical. Par ce qu’elles impliquent logiquement au sujet de l’unité, de la représentation ou encore du temps, les réponses suggérées par le compositeur manifestent une profonde affinité avec une modernité critique qui interroge le penser au temps de la crise de l’idéalisme