Salariés et salariées de Fralib à Gémenos. Une anthropologie des subjectivités ouvrières (vers 1980-2014)
Auteur / Autrice : | Florent Berlioux |
Direction : | Jean Boutier, Valeria Siniscalchi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance le 20/12/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Fournier |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Fournier, Anne Bory, Krista Harper, Stefano Musso |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
De 2010 à 2014, l’usine de conditionnement de thés et d’infusions Fralib, près de Marseille, est le théâtre d’une lutte ouvrière parmi les plus importantes de ces trois dernières décennies. Engagé-e-s sur le terrain syndical, politique et judiciaire contre une grande multinationale de l’agroalimentaire, les salarié-e-s combattent la délocalisation de leur usine en Pologne. Ils/elles ambitionnent de se réapproprier les outils de production et construire une coopérative porteuse d’engagements sociaux et environnementaux. Des luttes similaires d’« usines récupérées » se sont multipliées ces deux dernières décennies s’inspirant des premières expériences de récupération en Argentine. Ces mobilisations ouvrières proposent des formes de résistances originales à la déterritorialisation d’une économie capitaliste mondialisées mettant les travailleur-se-s de différents pays en concurrence, tout en les éloignant des centres de décision.Dans un contexte d’invisibilité sociale et politique des mouvements ouvriers, ce travail enquête sur les subjectivités des acteur-rice-s de cette mobilisation présentée comme une lutte « pour la préservation de l’emploi ». La fermeture d’une usine n’est pas anticipée par les travailleur-se-s mais le « collectif des salariés » qui y fait face trouve ses fondements dans l’économie des relations sociales de l’atelier. A partir d’un travail ethnographique, l’analyse restitue l’économie morale des travailleur-se-s de l’usine ces trente dernières années et étudie leur « capacité d’agir » (agency) dans un espace de dominations.Cette études se focalise sur l’hybridisation des acteur-rice-s de l’employé-e-s au coopérateur-rice-s au travers d’une lutte sociale, économique, politique et culturelle. Par quels processus les salarié-e-s d’une usine en viennent à revendiquer sa propriété ? Comment les ouvrier-ère-s passent des résistances individuelles et collectives en production à la constitution d’un acteur politique ? Comment se positionnent-ils/elles vis-à-vis de l’histoire des mouvements ouvriers auparavant au cœur de la vie politique et aujourd’hui marginalisés ? Quels sont les rapport des individus avec la « classe » et ses institutions représentatives ?