Intellectuels, institutions et expositions : la constitution des musées et des disciplines demo-ethno-anthropologiques en Italie à partir de 1850. : une histoire croisée
Auteur / Autrice : | Marta Caradonna |
Direction : | Valeria Siniscalchi, Alessandro Lupo |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et historique |
Date : | Soutenance le 18/12/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) en cotutelle avec Università degli studi La Sapienza (Rome) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean Boutier |
Examinateurs / Examinatrices : Jean Boutier, Dionigi Albera, Isabelle Brianso, Alessandra Broccolini |
Résumé
Cette thèse se propose de retracer les différentes phases de l’instauration des disciplines anthropologiques en Italie à partir de la deuxième moitié du 19éme siècle. En effet, l’anthropologie naissante accompagne la construction de la nation italienne et s’y entrecroise, en jouant un rôle actif vis-à-vis des problèmes sociaux et politiques liés à la vie du jeune Royaume d’Italie né en 1861. Cette thèse est d’une part consacrée à expliciter les étapes les plus significatives du développement du secteur anthropologique, passant en revue les expériences de certains de ses protagonistes et questionnant les relations qui ont uni ces hommes d’étude. D’autre part, la thèse explore l’histoire des institutions muséales qui se sont intéressées en Italie aux disciplines anthropologiques. Cette histoire nous permet de comprendre le processus de construction et de développement des connaissances sur l’homme et sur la société, le débat théorique qui l’accompagne, les positions idéologiques impliquées, l’ouverture de nouveaux horizons et de nouveaux secteurs de recherche. Re-parcourir l'histoire des principaux musées du champ anthropologique permet, de surcroît, d'analyser l'incidence des événements plus vastes et complexes de l'Italie du moment, tels que l'irruption de l'évolutionnisme et du positivisme dans l'anthropologie italienne, le passage de l'époque du musée-laboratoire à celle du musée “démocratique” ouvert au public, les débats sur la nature des objets ethnographiques, l'avènement de la muséographie ethnographique, l'unification italienne de 1861, la brève expérience coloniale italienne, l’Esposizione Internazionale de Rome de 1911, le Primo Congresso di Etnografia Italiana et les relations entre l'anthropologie italienne et le Fascisme. La naissance des musées illustre la manière dont, dans un pays tel que l'Italie où les origines de l'anthropologie sont marquées par la prédominance des approches médicales et biologiques, l'attention portée aux caractères physiques précède et englobe l'intérêt envers les aspects culturels. Ce constat s'impose avec évidence pour les premiers musées analysés, le Museo Nazionale di Antropologia e Etnologia conçu et fondé en 1869 par Paolo Mantegazza, le Museo Nazionale Preistorico Etnografico souhaité par le paléo-ethnologue Luigi Pigorini et créé en 1875, et le Museo di Etnografia Italiana conçu par Lamberto Loria et Aldobrandino Mochi en 1906. L'objectif que je me suis fixé est de comprendre, en différents moments historiques et politiques de l'Italie, les relations entre les lieux de muséification de la connaissance anthropologique et les sujets qui produisent et qui étudient cette même connaissance. C'est de cette interrogation que découle l'exigence de reprendre de manière précise les termes de la “question” de la nature des relations entre disciplines anthropologiques et musées. Pour étudier ces multiples dimensions j'ai reconstruit les dynamiques de la naissance et de l'évolution du Museo Nazionale Preistorico Etnografico “Luigi Pigorini” et du Museo Nazionale delle Arti e Tradizioni Popolari “Lamberto Loria” de Rome.