La migration féminine face aux mesures de restriction au pays dogon (Mali)
Auteur / Autrice : | Yada Kassogue |
Direction : | Jean-Paul Colleyn, Anne Doquet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance le 19/12/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) |
Jury : | Président / Présidente : Cécile Canut |
Examinateurs / Examinatrices : Cécile Canut, Christophe Daum, Daouda Gary-Tounkara, Moussa Sow |
Mots clés
Résumé
Au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le Mali est un pays où la migration est ancrée de longue date dans les pratiques de la société. Le Pays dogon connait une forte migration rurale, comme la plupart des zones du Mali, mais se singularise par l’existence d’une organisation locale de la restriction de la migration féminine, assortie de sanctions. La majorité des chercheurs qui ont étudié les Dogon ont focalisé leur attention sur la culture traditionnelle et les mythes, au détriment des réalités sociales. Loin de ces stéréotypes, l’étude de la migration révèle des dynamiques locales tout à fait contemporaines. Dans les villages dogons, la migration saisonnière ne semblait toucher pendant longtemps que les jeunes hommes à la recherche d’un travail ponctuel rémunéré. Si cette forme classique de migration a des impacts sur l’organisation sociale locale, notamment pour la crise de main-d’œuvre qu’elle suscite, le départ des jeunes femmes semble lui entraîner une transformation des normes sociales. Cette thèse montre que la recherche du trousseau de mariage, qui a longtemps été la principale cause de la migration féminine interne au Mali, est en train d’être rejointe par d’autres ambitions. Les femmes saisissent la migration pour bénéficier d’avantages ou marges de liberté qui améliorent leur vie quotidienne et, plus encore, leur vie maritale. Les hommes justifient la mise en place du contrôle local de la migration de travail des femmes par ses conséquences néfastes. Les efforts de l’état et des ONG pour limiter la migration échouent largement et sont sous-tendus par des arguments similaires. Ce contrôle se maintient dans les villages malgré l’existence d’une gestion institutionnelle des migrations de la population. Sur la base d’une enquête ethnographique, ce travail analyse les divergences générationnelles dans une perspective genrée pour éclairer les enjeux sociaux de la migration féminine, au-delà de ses enjeux économiques. Analysant les craintes masculines d’une transformation des principes et des procédures des alliances matrimoniales, il met en avant les stratégies féminines qui sous-tendent la migration, en éclairant les formes de résistance et d’autonomisation qu’elle autorise.