Changement d'attitude envers l'infertilité en Iran.
Auteur / Autrice : | Tayebeh Taherian Fard |
Direction : | Hervé Le Bras |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Demographie et Sciences Sociales |
Date : | Soutenance le 17/12/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) |
Jury : | Président / Présidente : Marcela Iacub |
Examinateurs / Examinatrices : Marcela Iacub, Roser Cussó, Sepideh Parsapajouh, Nader Vahabi |
Résumé
Ce travail de thèse a pour objectif d’étudier les changements intervenus ces dernières décennies, vis-à-vis de la question d’infertilité en Iran. Depuis la révolution islamique en 1979, la population de l’Iran a connu des bouleversements très importants. Les autorités religieuses chiites et le système politique dominant sont intervenus pour influencer l’évolution démographique. On constate d’une part une baisse historique de la fécondité que l’on peut qualifier de « stupéfiante », car elle était la plus rapide du monde. D’autre part, au cours de la dernière décennie, on observe une forte augmentation de l’infertilité qui dépasse la moyenne mondiale et préoccupe les autorités iraniennes. Cependant, au niveau des couples, l’infertilité qui était parmi les principales causes de divorce en 1981, ne l’est plus aujourd’hui. Cette recherche, en combinant deux méthodes quantitative et qualitative, développera les changements de mentalité des couples et les raisons qui les ont amenés à accepter de vivre sans enfant dans le contexte historique, culturel, sociodémographique et religieux de la société Iranienne contemporaine. Dans la partie quantitative, nos analyses démographiques de l'infertilité reposent sur les données secondaires, des Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS), en Iran et dans le monde. Nous avons calculé le taux d’infertilité grâce au logiciel SPSS, pour l’ensemble des provinces de l’Iran, selon le niveau d’éducation et le statut social dans les zones urbaines et rurales en 2000. Ensuite nous avons comparé nos estimations avec celles d’une étude faite en 2014, afin de montrer certains changements intervenus depuis l’année 2000. Dans la partie qualitative, en premier lieu, les raisons principales de la récente augmentation de l’infertilité, seront abordées selon les entretiens réalisés auprès de 70 couples infertiles et de plusieurs spécialistes de ce domaine en Iran (médecins, gynécologues, biologistes). Ensuite nous nous intéresserons au traitement de l’infertilité, aux changements des mentalités et au contexte juridique en lien à l’AMP, l’adoption et aux mères porteuses. Effectivement, le contexte de l’augmentation de cette problématique, impacte durablement les prises en charge des patients et favorise l’amélioration des traitements de l’infertilité dans les centres médicaux. L’Iran chiite est devenu le seul pays au monde dans lequel toutes les méthodes d’assistance médicale à la procréation ont été légalisées. Cette politique démographique du gouvernement, à la fois moderniste et religieuse, suscite un grand intérêt et témoigne un véritable paradoxe Iranien. En tenant compte de cette particularité, nous examinerons la position de la religion chiite de ce pays par rapport aux traitements de l’infertilité et mettrons en lumière les différents points de vue, vis-à-vis d’autres pays et d’autres religions ou branches de l’islam. Enfin, l’infertilité restant un sujet intime et douloureux pour la plupart des couples que j’ai interrogés, nous tenterons de décoder certaines attitudes et certains non-dits vis-à-vis de leur infertilité, en faisant usage des couleurs qui nous permet une meilleure compréhension de cette problématique.