La guerre par le droit : justice, domination et violence en Afghanistan (2001-2018)
Auteur / Autrice : | Adam Baczko |
Direction : | Stéphane Audoin-Rouzeau, Gilles Dorronsoro |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Etudes politiques |
Date : | Soutenance le 10/12/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) |
Jury : | Président / Présidente : Rainer Maria Kiesow |
Examinateurs / Examinatrices : Rainer Maria Kiesow, Richard Banégas, Alessandro Monsutti, Olivier Nay, Shalini Randeria |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
À l’inverse de la perception dominante, les guerres civiles ne sont pas des situations de non-droit, mais de compétition entre systèmes juridiques. Cette thèse retravaille les approches sociologiques du droit et de l’État pour penser l’établissement de tribunaux par un mouvement armé. À travers une enquête de terrain conduite entre 2010 et 2016, j’analyse les implications sociales et politiques de la formation d’un droit par l’insurrection Taliban en Afghanistan. Dans un contexte où rendre justice est indissociablement une activité juridique, un instrument de contrôle social et un enjeu de la guerre, comment un mouvement armé peut-il faire reconnaître les décisions de ses juges comme autant d’actes juridiques et non politiques ? Autrement dit, comment le juge Taliban, qui est Taliban autant que juge, parvient-il à se faire reconnaître dans sa fonction par la population ? Les Taliban mettent en place leurs tribunaux dans un contexte d’incertitude juridique radicale causé par des décennies de guerre civile et alimenté, après 2001, par l’intervention militaire occidentale. En vue d’assurer l’impartialité de ses juges, l’insurrection les intègre dans un système institutionnel et encadre leurs pratiques par des procédures rudimentaires d’objectivation. Tout en restant pris dans la guerre, ce système juridique permet au mouvement armé de régler des conflits privés et, par là, de légitimer son emprise territoriale et d’appliquer son programme politique.