Du nationalisme au conservatisme : les groupes intellectuels associés à l’« essence nationale » en Chine (vers 1890-1940)
Auteur / Autrice : | Dongxiang Aymeric Xu |
Direction : | Sebastian Veg |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance le 07/12/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) |
Jury : | Président / Présidente : Nicolas Zufferey |
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Zufferey, Clarisse Berthezène, Yves Chevrier, Joachim Kurtz |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette recherche étudie les trois associations « conservatrices » du cercle de l’« essence nationale » : l’École d’essence nationale fondée en 1905, la Société du Sud créée en 1909 et le groupe Critical Review établi en 1921. L’essence nationale désigne la quintessence de la culture traditionnelle. Dans le contexte révolutionnaire de la fin des Qing, l’École d’essence nationale et la Société du Sud ont recours à ce concept pour façonner leur nationalisme autour de deux directions. Au niveau sociétal, les deux s’engagent dans les mouvements sociaux et les associations intermédiaires pour exprimer leurs attentes nationalistes et lancent un projet des lumières sociales pour libérer le peuple des contraintes familiales et politiques. Cette libération doit se combiner avec des responsabilités envers la nation. Au niveau institutionnel, elles incorporent la culture traditionnelle dans les réformes inspirées par la politique libérale de l’Occident, comme la démocratie, la séparation des pouvoirs et l’État de droit. L’essence nationale relève de la culture traditionnelle régénérée, utilisée pour solidariser et éduquer la nation, ainsi que pour modeler le système politique de la Chine. Le groupe Critical Review, situé dans un contexte historique différent, a hérité de cette rhétorique nationaliste. Cependant, cet idéal nationaliste en est venu à être considéré comme conservateur à l’époque du 4 Mai parce que certains activistes de la Nouvelle Culture ont voulu rompre tout lien avec la tradition. Le conservatisme de cette période constitue une réaction à une conception de la liberté fondée sur le primat de l’individu, au déni de l’usage politique de la culture traditionnelle par les intellectuels du 4 Mai, mais aussi une réponse aux crises nationales et à la Première Guerre mondiale, qui amènent certains intellectuels à mettre en cause la civilisation occidentale. Ainsi, si l’essence nationale sert toujours à fédérer et discipliner le peuple, après 1919 la notion n’incorpore plus nécessairement une acceptation des idées politiques libérales occidentales. En fonction de la façon dont l’essence nationale est traduite dans la politique, le conservatisme de l’époque républicaine peut se diviser en quatre catégories : le conservatisme libéral qui continue de cautionner les éléments libéraux de la culture chinoise et la politique libérale occidentale ; le conservatisme antimoderne qui appelle à un retour au système socio-politique conforme à la culture agraire et communautaire traditionnelle ; le conservatisme philosophique qui accentue l’utilité des valeurs confucéennes d’élitisme, de hiérarchie sociale et de modération dans la rectification de la liberté excessive et de la corruption politique ; le conservatisme autoritaire qui mobilise les éléments les plus répressifs du confucianisme, tels que la suprématie du chef, l’obédience absolue et la tutelle politique, pour s’opposer au libéralisme pendant la décennie de Nankin.