Thèse soutenue

Des bakkal à Istanbul. Epiceries de quartier et pratiques marchandes en ville. Encastrement urbain, fabrique du lieu, vitrines morales

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Auteur / Autrice : Aziliz Pierre
Direction : Jean-Pierre Hassoun
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes urbaines
Date : Soutenance le 04/12/2018
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....)
Jury : Président / Présidente : Marie-Vic Ozouf-Marignier
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Vic Ozouf-Marignier, Guénola Capron, Michel Peraldi, Jean-François Pérouse, Anne Raulin

Résumé

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Dans les années 1980, l’ouverture à l’international de l’économie turque a profondément transformé le paysage commercial d’Istanbul. Dans ce contexte marqué par une compétition intense et multiforme et l’arrivée de grandes surfaces, les bakkal (« épicier » et « épicerie » en turc) ont été marginalisés. Ils restent cependant toujours présents. Cette thèse repose sur une enquête, réalisée au cours des années 2014 et 2015. Elle est restituée sous la forme de trois études de cas qui ont été observées de façon ethnographique et rapprochée (interviews, observations), mais aussi sous la forme d’une approche relevant de l’anthropologie urbaine qui prend la ville comme objet de recherche. Elle montre qu’au sein des territoires dans lesquels leur commerce est encastré, les épiciers participent au quotidien à la production de la ville à l’échelle locale ce qui finit par donner naissance à des micro-lieux et à une citadinité spécifique à chacun. Celle-ci fait écho à l’éclatement et l’individualisation de cette profession dont l’organisation collective n’est qu’anecdotique. Chacun des commerces étudiés peut être lu comme un théâtre urbain dans lequel la vie familiale, les valeurs de l’épicier et la vie du quartier sont lisibles depuis la rue. L’épicerie s’impose alors comme une vitrine morale diffusant dans la ville un récit intime et territorial sur le micro-lieu qu’il influence.En adoptant le point de vue du bakkal pour regarder Istanbul, il est ainsi possible de voir comment ces acteurs urbains du quotidien participent à la co-construction de la ville en intégrant à leur métier, chacun à leur façon, les transformations urbaines d’Istanbul dans leurs variations locales que ce soit la gentrification, le sentiment de perte du quartier ou la régénération urbaine, ainsi que certains débats politiques (la consommation d’alcool, la pression de quartier ou les usages de l’espace public) ayant lieu aux échelles métropolitaines et nationales.