Thèse soutenue

Le Mouvement "universel" de la "jeunesse chrétienne", la YMCA américaine et les Russes : circulation des idées et transferts des méthodes d'organisation et d'action (deuxième moitié du XIXe siècle - 1939))

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Auteur / Autrice : Natalia Pashkeeva
Direction : Wladimir Berelowitch
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 01/12/2018
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....)
Jury : Président / Présidente : Sophie Cœuré
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Cœuré, Jean-François Fayet, Catherine Gousseff, Tatiana Victoroff

Résumé

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Dans cette thèse nous étudions, d’abord, le développement du Mouvement « universel » de la « jeunesse chrétienne » en tant que réseau transnational dans l’espace occidental au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Nous y analysons ensuite l’interaction entre les agents de la branche américaine du Mouvement, la YMCA, et les représentants des élites politiques, économiques, religieuses et intellectuelles russes en Russie depuis la fin des années 1890, en Europe avec les émigrés russes dans l’entre-deux-guerres, ainsi que les tentatives faites par les agents de l’Association américaine pour se fixer en URSS dans les années 1920.Le Mouvement chrétien des jeunes était conçu comme un espace mondial dépassant les frontières nationales. Cette forme d’internationalisme avait pour ambition de surmonter les nombreuses barrières qui divisaient l’humanité en factions nationales, politiques, économiques, sociales, religieuses ou raciales. Il s’agissait d’un projet utopique construit sur la base du protestantisme évangélique. L’universalisme du Mouvement reposait sur l’idée de la « catholicité » de la « communauté chrétienne » et sur la logique des grandes religions de conversion. Les leaders du Mouvement propageaient le « christianisme vivant ». Réfutant une conception du religieux comme besoin mystique et du christianisme comme ensemble de croyances défini une fois pour toutes, centré sur un dogme rigide et sur un rite religieux, ils prônaient un activisme social des chrétiens et leur participation à la résolution de problèmes sociaux concrets. Initialement axé sur la mission d’évangélisation, ce projet universaliste était lui-même un résultat de la sécularisation à laquelle il devait faire face. Affirmant son « respect » vis-à-vis des structures ecclésiastiques « traditionnelles », le Mouvement était guidé par des laïcs. Manifestant une préoccupation relative aux moyens à utiliser pour soigner les malaises de la société industrielle moderne et pour assurer le progrès de l’humanité, ses leaders prétendaient élaborer un « modèle » de l’action chrétienne « moderne », « organisée », capable d’assurer le développement « intégral » (moral, intellectuel, physique et social) des individus, mettant un accent particulier sur la formation des élites. Dans une perspective de long terme, leur ambition était d’assurer une transformation sociale, politique et économique des sociétés humaines. Plusieurs problématiques sont explorées : 1. Le rapport entre, d’une part, les engagements « universalistes » et « nationaux » et, d’autre part, les facteurs qui influençaient les rapports de force entre des cultures nationales différentes et, donc, déterminaient les vecteurs de la circulation d’idées, d’expériences et de pratiques dans ce type de mouvance internationaliste ; 2. Le mécanisme de la pénétration de la YMCA américaine dans un autre pays, en l’occurrence en Russie, et les motifs invoqués pour le justifier ; 3. Le rapport entre la religion et la politique ; 4. Les relations entre les protestants et les chrétiens orthodoxes. L’étude de ces problématiques se décline en plusieurs dimensions structurées par quatre dichotomies principales : « universel » versus « national », « laïque » versus « religieux », « modernité » versus « tradition », « politique » versus « apolitique ».