Thèse soutenue

Design de l’expérience sensible : une philosophie des sens pour le design et la création
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Auteur / Autrice : Elena Tosi Brandi
Direction : Roberto CasatiFrançois Azambourg
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie et sciences sociales
Date : Soutenance le 13/10/2018
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : Ecole Nationale Supérieure : Ecole nationale supérieure de création industrielle (France)
établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....)
Jury : Président / Présidente : Emanuele Arielli
Examinateurs / Examinatrices : Emanuele Arielli, Malika Auvray, Sumiko Oé-Gottini, Sophie Pène, Emanuele Quinz, Nicolas Thély

Résumé

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Cette thèse interroge le dialogue théorique et pratique entre les sens et le design. En éclairant les échanges qui s’instaurent entre les sciences contemporaines de la perception et les nouvelles approches sensorielles du design, elle laisse apparaître un paradigme inédit de la création et de la cognition. Elle montre qu’un modèle de design sensible émerge sous l’impulsion de nouveaux modèles cognitivistes de la perception, qui vient transformer les domaines de la création. Les arts plastiques investissent les sens corporels, amplifiés par les technologies ; l’architecture remet en cause la tradition visiocentrée de l’espace, et s’ouvre une conception spatiale de type atmosphérique. À la frontière de ces mouvements, surgit un paradigme du design focalisé sur la relation tangible et multisensorielle entre l’homme et le monde de l’artificiel. Grâce à la réhabilitation des sens pragmatiques, les théories antidualistes de la perception, en conjonction avec les sciences cognitives et les technologies numériques, inspirent la conception d’artefacts orientés vers l’engagement corporel et les relations matérielles. L’obsolescence du modèle des cinq sens permet de revisiter scientifiquement des phénomènes comme les synesthésies, la plasticité perceptive et les correspondances sensorielles. Le dépassement de l’idée de sens entendus comme des organes récepteurs, conduit à considérer les aspects immatériels de la perception, tels que l’expressivité et l’intentionnalité attribuées aux choses. Dans ce contexte, cette thèse explore la manière dont la sensorialité redevient un sujet de recherche et de création. Entre philosophie, psychologie expérimentale et histoire de l’art et du design, elle interroge le modèle rationaliste du design et montre que l’émergence de ce nouveau paradigme est motivée par l’exigence de s’affranchir du modèle industriel guidé par la relation visuelle et fonctionnelle de la forme et des usages. Suivant un cheminement non nécessairement linéaire, la recherche se concentre sur les moments clés et les figures majeures du dialogue entre design moderne et théories des sens, et montre que ce dernier, engagé depuis la Renaissance, n’a cessé d’alimenter les relations entre perception et arts du disegno.