Thèse soutenue

Essais sur les déterminants contextuels des trajectoires scolaires, professionnelles et familiales en France

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Auteur / Autrice : Fanny Landaud
Direction : Éric Maurin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Analyse et politique économiques
Date : Soutenance le 28/09/2018
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....)
Laboratoire : Paris-Jourdan Sciences Économiques (2005-....)
Jury : Président / Présidente : Maya Bacache-Beauvallet
Examinateurs / Examinatrices : Maya Bacache-Beauvallet, Gabrielle Fack, Nicolas Pistolesi, Anne Solaz

Résumé

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Cette thèse se compose de trois essais indépendants dont le dénominateur commun est d'étudier le rôle du contexte institutionnel et de l'environnement social dans lesquels se décident les trajectoires scolaires, professionnelles et familiales. Une moitié environ des lycées parisiens (les plus prestigieux) reçoivent chaque année davantage de demandes d'admission de la part des collégiens qu’ils n'ont de places disponibles. Le logiciel d'affection utilisé (Affelnet) est contraint de définir, pour chacun de ces lycées, un niveau minimum (en termes de note moyenne obtenue en troisième) nécessaire pour l'admission. En comparant les trajectoires des derniers collégiens admis dans des lycées parisiens sélectifs avec celles des premiers recalés, nous montrons dans le premier chapitre que l'accès à un établissement scolaire sélectif n'a aucun impact sur les performances ultérieures au baccalauréat, mais un impact très négatif sur la propension des jeunes lycéennes à s'orienter dans la filière générale scientifique en fin de seconde. Dans le contexte parisien, l’accès à un lycée sélectif s’accompagne surtout d’une amélioration du niveau académique des camarades de classe, notamment en science. Nos résultats concorderaient donc avec les travaux d’économie et psychologie expérimentale suggérant que les filles seraient plus réticentes que les garçons à choisir des voies compétitives. Le deuxième chapitre porte sur les effets des politiques de redoublement en classes préparatoires scientifiques, en distinguant les effets directs observés pour les redoublants eux-mêmes et les effets indirects induits sur les autres élèves au moment de la préparation des concours. Nous montrons que les redoublements ont des effets très largement positifs pour les redoublants eux-mêmes, mais que la présence de nombreux redoublants dans une classe a des effets plutôt négatifs pour les autres élèves, notamment quand ces redoublants sont forts académiquement. Plus une classe compte de redoublants de haut niveau académique (niveau mesuré lors de leur première participation aux concours) plus les nouveaux arrivants sont en difficulté au moment des concours, alors que les performances des nouveaux arrivants sont largement insensibles au nombre de redoublants de niveau moyen ou faible. Les redoublements ne semblent pas influer sur les autres élèves parce qu'ils contribuent à surcharger les classes, mais parce qu'ils en modifient le profil et peuvent induire les enseignants à produire des cours d'un niveau trop ambitieux. Le troisième chapitre s'intéresse aux conséquences pour les trajectoires familiales de l'institutionnalisation des emplois précaires et des difficultés accrues rencontrées par les jeunes adultes pour s'insérer durablement dans l'emploi. Nous y développons une analyse de durée à partir du modèle d'Abbring et van den Berg (2003) et de deux enquêtes rétrospectives sur de larges échantillons de jeunes adultes, et montrons que l'accès à l'emploi stable constitue une étape bien plus décisive que l’accès à un emploi précaire pour la mise en couple et l'arrivée des premiers enfants. Ainsi, entre les générations nées au milieu des années cinquante et celles nées au début des années soixante-dix, la montée de la part des emplois précaires et du chômage des jeunes expliquerait environ 25% des retards observés dans l'âge de mise en couple, et 40% des retards dans l'âge au premier enfant.