Gouvernementalité au Pakistan : une étude du Conseil d’ideologie islamique (1956-1988)
Auteur / Autrice : | Mansoor Ahmed |
Direction : | Michel Boivin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance le 24/09/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) |
Jury : | Président / Présidente : Hamit Bozarslan |
Examinateurs / Examinatrices : Hamit Bozarslan, Laurent Gayer, Jamal Malik, Delphine Ortis |
Résumé
Le Pakistan est né après que l'autorité britannique ait cessé d'exister dans le sous-continent indien dans la nuit du 15 août 1947. Le territoire du Pakistan a été renommé ''la République islamique du Pakistan'' le 23 mars 1956, après la promulgation de sa première constitution. L’adjectif « islamique » ajouté son nom devait incité les gouvernements à employer des registres spécifiques impliquant l'utilisation de l’Islam pour gouverner la population. En conséquence, la constitution de 1956 créa la « Islamic Law Commission » (Commission des lois islamiques) pour recommander des mesures législatives pour donner naissance à une société islamique, et examiner les lois existantes. Après l'abrogation de la constitution en 1958, la constitution suivante rédigée par le gouvernement militaire du général Ayub Khan en 1962 a transformé cette « Islamic Law Commission» (la Commission de la Loi islamique) en un « Advisory Council of Islamic Ideology » (Conseil consultatif de l’idéologie islamique) avec les mêmes missions. Après l'abrogation de cette constitution en 1969, la constitution de 1973, rédigée par le gouvernement élu de Zulfikar Ali Bhutto et qui est toujours en vigueur, l'a modifié en un « Council of Islamic Ideology » (Conseil de l‘idéologie islamique) avec de nouvelles missions. Actuellement, le conseil of de l’idéologie islamique est une organisation constitutionnelle permanente et sa mission principale est d’examiner la conformité des lois avec le Coran et la Sunna, et recommander des mesures devant être promulguées comme des lois pour promouvoir le mode de vie islamique dans le pays. Le conseil envoyait ses recommandations aux gouvernements successifs « confidentiellement » jusquen 2005, date à laquelle elles sont devenues publiques. Ces rapports fournissent d’une part un aperçu des questions auxquelles la société fut confrontée au cours de la période concernée, et ils fournissent d’autre part des données pour examiner la « mentalité » cachée des gouvernements successifs en relation avec la mise en œuvre d’une politique islamique. Cette étude met également à jour les causes de la persistance du conseil dans les constitutions successives, son évolution en tant qu’institution, et le rôle joué par le Conseil de 1956 à 1988 dans la gouvernementalité. La période choisie pour l'étude est significative dans le sens où les Pakistanais avaient hésité entre le gouvernement indirectement élu du Président Iskander Mirza, le gouvernement militaire du Général Ayub Khan avant d’élire finalement le gouvernement de Zulfikar Ali Bhutto avec le slogan de « socialisme Islamique » démis de ses fonctions par le général Zia ul Haq, autoproclamé « le soldat de l'Islam ». Cette étude s’appuie largement sur les comptes rendus du Conseil, en contrastant ses recommandations avec les législations qui ont été promulguées au nom de l’Islam, sur les archives de presse et les débats de l’assemblée législative. Elle conclut que l'existence du Conseil et son évolution en tant qu’institution montrent que le type de gouvernementalité qui utilisait l'Islam était semblable sous tous les gouvernements, indépendamment du fait qu'ils aient été directement élus, indirectement élus, ou bien des dictatures militaires. Elle démontre par ailleurs que les recommandations du Conseil ont non seulement joué un rôle important dans les législations qui ont été promulguées par les gouvernements successifs, mais qu’elles ont aussi eu un impact profond sur la cohésion même de la société pakistanaise dans les années qui ont suivi.