Placer et déplacer ses enfants. Stratégies transnationales de mères sénégalaises aux Etats-Unis, en Italie et en France
Auteur / Autrice : | Amélie Grysole |
Direction : | Florence Weber, Cris Beauchemin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 13/09/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) |
Jury : | Président / Présidente : Anne-Catherine Wagner |
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Catherine Wagner, Hamidou Dia, Laura Merla, Swanie Potot, Daniel Thin |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les migrations internationales modifient les rôles attribués à chacun.e dans une famille et nécessitent des réaménagements en conséquence de l’absence d'un.e ou plusieurs membres. Cette recherche examine les implications d'une pratique familiale qui consiste à faire grandir au Sénégal des enfants nés dans les pays de destination. La reproduction des statuts sociaux au croisement de deux espaces nationaux se négocient – entre autres – par le choix du lieu où grandissent les enfants et des personnes en charge de les élever. Le focus est mis sur les stratégies des mères car ce sont elles qui ont la charge du soin quotidien des enfants en migration, et parce que les enfants sont, pour la plupart, accueillis par des membres de leur parenté utérine à Dakar. Les parents migrants de cette enquête, issus de différentes fractions des classes moyennes dakaroises, évaluent les quartiers ségrégués, populaires et immigrés où ils résident dans les pays de migration comme risqués pour la socialisation de leurs enfants. L’incertitude qui pèse sur le devenir des enfants nés en migration (carrières déviantes, échec scolaire) met en danger la reproduction sociale des maisonnées transnationales et les projets de mobilité sociale des parents. Ainsi ces derniers luttent-ils pour transmettre à leurs enfants à la fois les ressources de l’autochtonie (normes, relations, écoles privées, environnement protégé) et les ressources internationales (travail, études supérieures, langues, droit de circulation) au travers de stratégies de socialisation et de relocalisation de leurs enfants à Dakar. Appuyée sur une enquête ethnographique multi-sites (douze mois de terrain, neuf mois au Sénégal, trois mois dans les pays de migration), cette recherche analyse comment ces pratiques transnationales reflètent des modes de lutte contre le déclassement social, ethno-racial et statutaire subi en migration, selon des (dis)-positions sociales et des ressources de départ différentes. Entre projets de retour (au Sénégal), investissements scolaires privés, logiques économiques et normes sociales, ce mode de prise en charge des enfants est intimement lié et contraint par le cadre politique et le contexte économique du pays de naissance des enfants (États-Unis, France, Italie). La décision de laisser partir un enfant au Sénégal est ainsi attachée à des politiques migratoires, familiales et scolaires. Cet arrangement apparemment singulier est toutefois exemplaire d »une façon d’émigrer perçue comme provisoire ou du moins sans rupture, ainsi que de liens affectifs et économiques qui dépassent largement ceux d’un modèle conjugal et nucléaire de la famille.