Thèse soutenue

LE SIÈCLE ARABE Trajectoires opposées de l'activisme arabe dans la région MENA Qu'est ce qui a changé ? Le cas du mouvement marocain du 20 février 2011

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Auteur / Autrice : Younasse Tarbouni
Direction : Michel Wieviorka
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie politique
Date : Soutenance le 01/02/2018
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation de la thèse : École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....)
Jury : Président / Présidente : James M. Jasper
Examinateurs / Examinatrices : Michel Wieviorka, James M. Jasper, Danièle Joly, Farhad Khosrokhavar

Résumé

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En prenant le MF20 comme principale étude de cas , je plaide contre les affirmations du caractère nouveau, unique, fructueux, manqué ou achevé de ces mouvements arabes. Je passe en revue la première décennie du 21ème siècle et la déclaration de la Guerre contre le terrorisme (2003) comme déclencheurs de conflits socio-politiques déjà installés dans la région MENA. La deuxième décennie de ce siècle, à travers les soulèvements arabes, a seulement rendu visibles aux yeux du monde les transgressions des droits de l'homme et les atrocités prenant place au Moyen-Orient.Ces soulèvements ont rapidement été réduits à des soulèvements épisodiques. La troisième décennie semble malheureusement entre les mains des idéologues de droite qui s’opposent au multiculturalisme et à l'extrémisme religieux, et qui, de fait, réorientent le débat loin des problèmes sociaux en mettant en avant le récit « nous contre eux ». Pour ces raisons, je prétends que les soulèvements arabes sont loin d’être achevés ; ils n’ont fait que débuter. Contrairement au dessin qu’en fait Davis (2013), ils ne s’estompent pas pour disparaître complètement mais seulement pour revenir en force.L'analyse approfondie dans le projet de la saga des luttes de ces mouvements arabes avec les régimes autocratiques arabes, qui n’ont fait rien d’autre que mettre en place des réformes préventives, nécessite de notre part une attention particulière pour les décennies à venir. Même les cas dits « fructueux », notamment la Tunisie et le Maroc, indiquent que ce qui est célébré est en fait un état de stabilité temporaire qui cache des faiblesses majeures et alarmantes dans le cadre du changement social et de la justice sociale ; deux des principaux déclencheurs du soi-disant printemps arabe.Thomas Friedman fait appel à des détails historiques, dans son excellent article pour le New York Times, demandant à ce que l'expression « Printemps arabe » soit retirée et remplacée par la « Décennie arabe » d'Anthony Cordesman ou le « Quart de siècle arabe ». Je propose que nous nous situons au-delà, et que nous assistons en fait à un Siècle arabe en mutation.Si l’on se fie aux changements politiques récents dans le monde, il apparaît que les changements sociaux dans le monde arabe seront négligés pendant au moins une autre décennie. La montée au pouvoir de l’extrême-droite aux États-Unis et en Europe a déjà retiré l’accent des injustices sociales dans le monde arabe au profit de la question éternelle de l'islam et de l'extrémisme en Occident. Cela s'avère offrir une pause aux régimes autocratiques arabes qui utilisent cette ascension de l'islamophobie en Occident comme un argument unificateur qui distrait des injustices sociales au sein de leurs républiques et leurs royaumes. Ainsi, la lutte des citoyens arabes dans les états arabes pour la dignité sociale sera négligée jusqu'à ce que le récit revivifié du choc de l'islam et de l'Occident disparaisse.