Thèse soutenue

Maupertuis et ses critiques : textes et controverses

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Auteur / Autrice : Marco Storni
Direction : Sophie RouxMariafranca Spallanzani
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Epistémologie, histoire des sciences et des techniques
Date : Soutenance le 26/06/2018
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE) en cotutelle avec Università degli studi (Bologne, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : République des savoirs : lettres, sciences, philosophie
établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Giambattista Gori
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Roux, Mariafranca Spallanzani, Giambattista Gori, Christian Leduc, Irène Passeron, Steffen Ducheyne
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Leduc, Irène Passeron

Résumé

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Si la pensée des lumières a parfois été célébrée par l’historiographie pour sa contribution significative au développement culturel et scientifique de la modernité, elle a le plus souvent été critiquée pour sa superficialité spéculative, ainsi que pour sa confiance aveugle dans les résultats des enquêtes scientifiques. La figure de Pierre-Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759), à laquelle notre travail est consacré, rentre de plein droit dans ce cadre interprétatif : mentionné dans quelques récits historiques comme scientifique de premier plan, notamment pour sa contribution décisive à la diffusion des théories newtoniennes en France, il est relégué au second plan dans les travaux d’histoire de la philosophie et de l’épistémologie. L’un des objectifs principaux de notre travail est précisément de proposer une relecture de l’œuvre de Maupertuis qui emphatise l’intérêt spéculatif de ses doctrines, afin de montrer la place éminente qu’il occupe dans l’histoire de la pensée moderne. Nous nous pencherons ainsi sur quelques textes importants de Maupertuis, en soulignant le rôle capital qu’y jouent les questions épistémologiques et métaphysiques. L’analyse critique de la pensée scientifique et philosophique de Maupertuis n’est pourtant pas le seul aspect significatif de notre recherche : notre ambition est de proposer un récit plus vaste que la simple étude des travaux de Maupertuis, qui puisse contextualiser son œuvre dans les dynamiques de la République des Lettres au début du XVIIIe siècle. En ce sens, nous attribuons une importance toute particulière à l’étude des controverses de Maupertuis avec d’autres savants et philosophes. Il sera notamment question de deux controverses. La première, qui concerne la forme de la Terre, éclate au sein de l’Académie des Sciences de Paris entre 1733 et 1740. La deuxième, qui porte sur les monades et la philosophie wolffienne, a pour cadre l’Académie de Berlin entre 1746 et 1750. L’intérêt du travail sur les controverses de Maupertuis est double. Tout d’abord, il s’agit d’un aspect de la vie et de l’œuvre du savant que les commentateurs ont peu étudié : certes, il existe quelques études particulières sur les controverses maupertuisiennes, notamment de celle qui porte sur la figure de la Terre, mais la question n’est jamais thématisée de manière systématique dans les monographies publiées jusqu’ici. Ensuite, les controverses de Maupertuis nous paraissent intéressantes comme étude de cas pour comprendre le fonctionnement concret des controverses scientifiques et philosophiques. Nous ne prétendons évidemment pas présenter les conclusions que nous allons tirer de l’examen de ces controverses en tant que normes universelles pour l’étude de toute controverse scientifique ou philosophique du passé. Toutefois, comme les historiens travaillant sur les controverses privilégient souvent les scientifiques et les philosophes du XVIIe siècle, il nous semble intéressant de présenter une étude de cas provenant du XVIIIe siècle, qui appartient à un contexte intellectuel et social profondément différent de celui du siècle précédent. Nous pourrons ainsi apporter de nouveaux éléments de réflexion sur la nature du désaccord scientifique et philosophique, qui puissent intégrer et compléter les travaux existants. Ce que nous présentons ici, en définitive, n’est pas seulement une étude sur Maupertuis, mais un travail qui, à travers l’analyse de sa pensée et des controverses qu'elle a suscitées, vise à la reconstruction des rapports et des échanges qui constituent le réseau de la République des Lettres au début du XVIIIe siècle. L’œuvre de Maupertuis est ainsi envisagée comme un prisme, à travers lequel nous observons les lignes principales de développement de la science et de la philosophie de son époque.