Thèse soutenue

Les stratégies du rire dans l'oeuvre d'Alain Mabanckou : poétique d'un contre-discours en postcolonie
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Auteur / Autrice : Ulrich Bounguili
Direction : Anne-Yvonne Julien
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littérature française
Date : Soutenance le 12/12/2018
Etablissement(s) : Poitiers
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, pensée, arts et histoire (Poitiers ; 2009-2018)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Formes et représentations en littérature et linguistique (Poitiers)
faculte : Université de Poitiers. Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (1896-1970)
Jury : Président / Présidente : Dominique Carlat
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Yvonne Julien, Stéphane Bikialo
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Carlat, Xavier Garnier

Résumé

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Le présent travail analyse le corpus romanesque d'Alain Mabanckou, auteur de langue française d'origine congolaise, selon une grille de lecture postcoloniale et s'attache en même temps à définir les mécanismes de fabrication du rire propres au romancier. Pour ce faire, notre exégèse s'appuie sur des outils, se réclamant à la fois des études postcoloniales (essais d'A. Mbembe, en particulier) et d'une réflexion sur le rire en littérature, et aborde cette oeuvre comme un objet hybride, car en relation avec d'autres sphères culturelles. Il s'agit de souligner le choix d'un discours autre sur l'Afrique postcoloniale où le primat de la légèreté apparente a supplanté les anathèmes moralisateurs et les récits manichéens. Dans cette perspective, notre analyse est structurée autour de deux grands axes : la place du rire dans la pensée littéraire négroafricaine francophone et les stratégies du rire dans l'oeuvre d'Alain Mabanckou. Le premier axe n'est pas un exposé d'histoire littéraire : il tente de proposer une esquisse des manifestations du rire à travers des oeuvres majeures, qui ont nourri l'écrivain de Pointe noire et montre que, dans la littérature négroafricaine francophone, les accents empruntés par ce rire ont très souvent fait écho au contexte historique, social et politique. Le second axe aborde le rire chez cet écrivain contemporain comme un des registres du discours postcolonial. Car si le roman mabanckouien s'efforce, dans son ensemble, d'évoquer le Congo natal, c'est pour mieux formuler les interrogations sur la postcolonie africaine. Celle-ci, dans la "bâtardise" qui la caractérise, est portée par ces "gens de peu", qui, au quotidien, sont les témoins d'une société disharmonieuse, cachant ses laideurs derrière des éclats de rire. Le lecteur prend conscience que le travail de l'écrivain, par la virtuosité qu'il mobilise sur le plan linguistique et intertextuel, débouche sur l'art de faire dialoguer l'Afrique et l'Occident et sur la recherche de nouveaux rapports avec l'Autre, invite à un "imaginaire bariolé" qui, selon les mots du romancier, "nous pouss[e] à nous remettre en question".