Thèse soutenue

Quand les promoteurs immobiliers produisent la ville de demain : étude de deux projets urbains de standing en France et au Mexique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Lorraine Peynichou
Direction : Alain BourdinGuénola Capron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l'espace, Urbanisme
Date : Soutenance le 04/05/2018
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2010-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lab'Urba (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne) - LAB'URBA / LAB'URBA
Jury : Président / Présidente : Nadia Arab
Examinateurs / Examinatrices : Alain Bourdin, Guénola Capron, Laurent Devisme
Rapporteur / Rapporteuse : Angela Giglia, Marco Cremaschi

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Les entreprises de promotion immobilière sont devenues depuis plusieurs années des acteurs importants de l’aménagement urbain. Elles s’orientent progressivement vers de nouveaux secteurs et enjeux de la production de la ville. Ainsi seraient-elles passées de leur métier d’origine à celui « d’opérateurs urbains ». Cette évolution se situe au croisement de l’exigence d’une compréhension des évolutions du marché de l’aménagement des villes, liée au retrait ou au changement de mode d’intervention des acteurs publics, et d’une rentabilité financière qui structure l’action de ces entreprises. Cela représente un changement de paradigme, pour certaines entreprises de promotion immobilière, dans leur façon de penser et d’appréhender la production la ville ainsi que dans leur positionnement au sein des organisations qui se structurent pour aménager les villes. Dans le champ de l'aménagement urbain, ce positionnement s’organise souvent au travers de la mobilisation des notions d’innovation et d’expérimentation. Cette mobilisation peut s’élaborer dans le cadre d’organisations spécifiques de l’action collective où les promoteurs immobiliers sont régulièrement présents. C’est le cas, par exemple, des consortiums publics-privés réunissant des acteurs institutionnels, des grands groupes internationaux de promotion immobilière, des startups et des experts, entre autres. Ces organisations qui sont elles-mêmes présentées comme novatrices s’organisent pour produire un ensemble de dispositifs dits innovants, qui vont du think-tank au projet urbain. Nous nous intéressons en particulier au projet urbain, car l’investissement des promoteurs immobiliers y est singulier : il s’articule de plus en plus couramment autour de la fonction de coordinateur du projet lors de ses différentes phases. Nous avons étudié des projets urbains présentés, par les promoteurs immobiliers, comme innovants en France dans la commune d’Issy-les-Moulineaux et au Mexique au sein de la délégation Miguel Hidalgo. Les façons dont l’innovation et l’expérimentation sont mobilisées, au sein de ces contextes, traduit des ambitions et des perspectives tout à fait différentes. À Issy-les-Moulineaux, le discours de la collectivité territoriale et des promoteurs immobiliers de l’écoquartier du Fort s’articule plutôt autour de la référence aux multiples variantes de la ville intelligente et des nouvelles technologies alors qu’à Miguel Hidalgo, il s’agit avec le projet Plaza Carso, d’un renouvellement de la rhétorique sécuritaire autour du concept, déjà bien connu, du « all included ». Ce que nous avons également pu observer, en France comme au Mexique, c’est que ces projets ont le plus souvent vocation à être positionnés sur le segment de marché du haut de gamme afin, entre autres, d’amortir les investissements qu’ils ont engendré. Ainsi, nous les identifions comme des « projets urbains de standing ». Il s’agit d’opérations qui, au travers de leurs ambitions, de leur médiatisation et des moyens financiers mobilisés par les acteurs du projet, se distinguent des autres modalités d’intervention sur le territoire. Nos questions de recherche reposent sur l’idée que les projets urbains de standing sont des analyseurs des transformations à l’œuvre dans la façon de concevoir et de gérer la ville, car ils reposent sur un investissement important des grandes entreprises de promotion immobilière, sur une évolution de leurs relations avec les responsables politiques locaux et, plus généralement, sur l’ambition de capter des comportements émergents et de commercialiser des produits innovants. On assiste à un processus qui relève en même temps d’un phénomène marketing et d’une évolution des enjeux et des normes de la production du projet urbain. Celui-ci, envisagé comme un laboratoire in vivo, participe, en France comme au Mexique, du développement d’un urbanisme dérogatoire dont l’une des finalités et de libérer l’action de certains opérateurs privés de l’aménagement urbain