Une « démocratie magique » : politique et littérature dans les romans de Vladimir Nabokov
Auteur / Autrice : | Agnès Edel-Roy |
Direction : | Vincent Ferré |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue et Littérature Françaises |
Date : | Soutenance le 19/11/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Lettres, Idées, Savoirs (Créteil) - Lettres, Idées, Savoir |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Pierre Morel |
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Poulin | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Luba Jurgenson, Yolaine Parisot |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Écrite d’abord en russe puis en anglo-américain, l’œuvre romanesque de Vladimir Nabokov (1899-1977), écrivain américain d’origine russe, fascine ses lecteurs, mais leur participation à l’achèvement de cette œuvre artistique a été singulièrement restreinte par sa réception. La publication de Lolita (1955) le transforme en précurseur du postmodernisme américain. Aboutissement de la quête moderne de l’autonomie de l’art et triomphe de l’autotélisme artistique, sa création se trouve alors interprétée en poétique « tyrannique » sur laquelle règne l’auteur en « dictateur absolu ». Vladimir Nabokov, pourtant, n’a cessé d’identifier dans l’Histoire et de combattre dans son œuvre deux questions politiques du vingtième siècle : celle de la soumission de l’art à l’idéologie (quelle qu’en soit le nom) et celle de la tyrannie (actualisée par les régimes politiques nazi et soviétique). Dès l’origine, sa création de langue russe, puis anglo-américaine, est synchronisée avec les conséquences, tant en Russie qu’en Occident, de la Révolution bolchevique, l’événement historique qui change le « partage du sensible » (Jacques Rancière) vingtiémiste. La nature autotélique de sa création, dont les caractéristiques sont à redéfinir en opposition aux formes artistiques prônant l’engagement de l’art, indique en réalité que Nabokov propose une nouvelle « politique de la littérature » (Jacques Rancière) de l’émancipation qu’il a lui-même appelée du nom de « démocratie magique » et fait d’elle un « art critique » dont l’effet politique passe par sa distance esthétique, incluant « dans la forme de l’œuvre la confrontation de ce que le monde est avec ce que le monde pourrait être » (Jacques Rancière).