Thèse soutenue

Social-libéralisme et libéralisme social : incertitudes conceptuelles et politiques

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Auteur / Autrice : Magali Brailly
Direction : Monique Castillo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 12/01/2018
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lettres, Idées, Savoirs (Créteil)
Jury : Président / Présidente : Patrick Savidan
Examinateurs / Examinatrices : Monique Castillo, Patrick Savidan, Stéphane Douailler, Roland Reitter
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Douailler, Roland Reitter

Résumé

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On se propose de mener une étude sur les transformations du sens du libéralisme face à l'évolution des impératifs de la responsabilité, envisagée tant du point de vue de l'individu que sous l'angle du collectif (responsabilité éthique, responsabilité civique et politique, responsabilité sociale, responsabilité environnementale, responsabilité globale). Il s'agit d'interroger la notion de responsabilité telle qu'elle a été élaborée par les libéraux classiques puis reprise et transformée par les néo-libéraux pour la confronter aux nouveaux enjeux sociétaux, écologiques et culturels de notre époque. Associé aux idées des Lumières, le libéralisme a pu se présenter comme un projet de civilisation soucieux d'articuler les deux exigences d'émancipation individuelle et d'émancipation collective, de responsabilité personnelle et de solidarité sociale. Sous l'influence de critiques initialement externes (socialisme, républicanisme), les philosophes libéraux ont procédé à des autocorrections du libéralisme et ont ouvert la voie au projet d'un libéralisme démocratique combinant efficacité économique, justice sociale et liberté politique qui trouvera son expression la plus aboutie dans la théorie rawlsienne et l'expérience de la social-démocratie. De son coté, le néo-libéralisme contemporain revient sur cet héritage, en travestie les principes. Ce libéralisme, que l'on peut qualifier de libertarien, conduit à privilégier l'intérêt individuel, la prospérité et la concurrence, y compris par l'action de l'Etat qu'il redéfinit en profondeur lorsqu'il ne prend pas la forme de l'anarcho-capitalisme. Il postule un sujet entrepreneur, rationnel, entièrement responsable de ses actions et capables de minimiser tous les risques. Ce faisant, il tend à substituer l'efficacité à la justice, l'individualisation de la responsabilité et la privatisation des risques au détriment de leur socialisation. En retrouvant les principes sur lesquels se fonde le libéralisme, pour les confronter aux problèmes soulevés par la question écologique, la question de la techno-science et la nouvelle question sociale, ce travail démontre que l'actuel paradigme néo-libéral s'avère peu adapté aux dimensions spécifiques et aux impératifs nouveaux introduits par la problématique du développement durable, à savoir l'exigence de soutenabilité sociale et environnementale et d'équité entre les générations présentes et futures, dans un contexte de globalisation des risques civilisationnels. En interrogeant les conditions de possibilités d'une nouvelle rencontre entre libéralisme et démocratie, entre responsabilité personnelle et responsabilité collective et en étudiant des formes nouvelles de médiations entre l'Etat et le marché ce travail prépare la voie à des modèles alternatifs de gouvernance.