Machiavel et le(s) machiavélisme(s) : l’esprit du droit
Auteur / Autrice : | Jocelyn de Sinéty |
Direction : | Christian Lazzeri |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 09/11/2018 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de sociologie, philosophie et anthropologie politiques (Nanterre ; 2004_...) - Sociologie- philosophie et anthropologie politiques / SOPHIAPOL |
Jury : | Président / Présidente : Judith Revel |
Examinateurs / Examinatrices : Christian Lazzeri, Judith Revel, Marco Geuna, Thierry Ménissier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marco Geuna, Thierry Ménissier |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le sens commun et la philosophie se disputent la signification qu’il convient de donner à l’œuvre de Machiavel. Le premier l’accuse d’être pire qu’un sophiste car son rôle historique serait d’avoir inoculé la perversité dans la théorie et la pratique politiques. La seconde prétend qu’il serait l’un des fondateurs de la science politique moderne qui aurait avec lucidité défini les conditions de la raison d’État. Nous essayons d’abord de rendre justice à ces interprétations qui mettent chacune en lumière un aspect fondamental de l’enseignement machiavélien : d’une part, la nécessité « d’entrer dans le mal » en politique pour sortir la société de l’anomie, et, d’autre part, l’impossibilité que le sujet qui s’y résout soit bien intentionné et bien avisé. Le sujet du machiavélisme, en effet, est dans un rapport d’étrangeté à l’institution objective de l’État et à l’universel ; il veut et pense son « stato », et non l’État. Pour autant, paradoxalement, c’est parce qu’il est doué de malignité qu’il peut participer à l’effectivité du droit. Nous essayons donc de montrer, ensuite, comment Machiavel s’est efforcé de résoudre ce paradoxe. Son originalité consiste à ne pas se fier aux réquisits idéalistes de la raison pratique : ni à ceux de la moralité sociale, ni à ceux de l’éthique conséquentialiste. Dans une perspective matérialiste, il opte au contraire pour un conseil équivoque adressé à une pluralité de destinataires ; des destinataires bornés, aux appétits opposés, mais capables de se réfréner et de se corriger mutuellement, malgré eux. Car notre thèse, enfin, est que la « république » performativement activée par ses conseils est un État non-hégélien, un régime d’équilibre écologique entre des puissances socio-politiques d’espèces différentes mais appariées.