Thèse soutenue

De l’espèce humaine : affronter l’urgence écologique avec Robert Antelme et Hans Jonas

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Auteur / Autrice : Flore D'Ambrosio-Boudet
Direction : Stéphane Haber
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 13/06/2018
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de sociologie, philosophie et anthropologie politiques (Nanterre ; 2004_...)
Jury : Président / Présidente : Thierry Hoquet
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Haber, Thierry Hoquet, Corine Pelluchon, Guillaume Le Blanc, Martin Crowley, Nathalie Frogneux
Rapporteur / Rapporteuse : Corine Pelluchon, Guillaume Le Blanc

Résumé

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Nous partons du constat que l’actuelle urgence écologique (réchauffement climatique, crise de la biodiversité, pollutions) constitue notre condition historique durable. Causée par des activités économiques et sociales identifiables, elle engage la pérennité de multiples espèces vivantes et met en question l’avenir de notre espèce. Cette thèse de philosophie interroge le concept d’espèce humaine, saisi sous l’angle de la naturalité évolutive et écologique, pour prendre acte de la fin de sa version pré-darwinienne sans rouvrir la route au biologisme racialiste et aux délires hiérarchiques criminels que ce dernier a accompagnés. L’enjeu théorique est d’élaborer une ontologie de l’espèce humaine, qui ne cède pas aux mystifications naturalisantes, mais fournisse des repères pour affronter l’urgence écologique. Cette ontologie se forge avec Hans Jonas et Robert Antelme, deux auteurs marqués par l’expérience du nazisme, qui aident à formuler un monisme dialectique non réductionniste, dont puisse dériver une éthique de la vie dans le monde, de la reconnaissance et de la solidarité élargies. La conviction qui guide ce travail est que l’urgence écologique est politique en ce que s’y joue la projection de destins collectifs. Contre la tentation de sauver l’espèce humaine (ou certaines de ses portions) via des « augmentations » biotechnologiques prétendant la faire passer au-delà de la catastrophe ou au-delà d’elle-même, tout en esquivant notre responsabilité présente, nous soutenons que la considération des « limites planétaires », où se diffractent spectre de la mort et désir de pouvoir, appelle un travail sur les conditions d’habitabilité humaine et non-humaine de ce monde, dans lequel l’expérience démocratique trouve matière à se renouveler sans céder à la panique.