Thèse soutenue

« Le crime ne paie pas » : les Groupes d’Intervention Régionaux de la police judiciaire : sociologie politique de la construction d’une institution au succès improbable

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Auteur / Autrice : Marion Guenot
Direction : Violaine RousselOdile Henry
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 03/10/2018
Etablissement(s) : Paris 8
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pratiques et théories du sens (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris - LABTOP
Jury : Président / Présidente : Brigitte Gaïti
Examinateurs / Examinatrices : Martine Kaluszynski
Rapporteurs / Rapporteuses : Alexis Spire, Jacques de Maillard

Résumé

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Cette thèse s’intéresse au travail des GIR, qui rassemblent des policiers, gendarmes, douaniers, inspecteurs de la douane, des impôts, du travail, du recouvrement de l’URSSAF et de la CPAM face à « l’économie souterraine » ou « patrimoine criminel ». Entre 2014 et 2017, j’ai enquêté par observation, entretiens, travail sur archives policières dans trois GIR et leurs juridictions ; et par questionnaire sur la promotion 2016 de la formation « enquêteur GIR ». Créés en 2002, les GIR ont prêté à controverse, étant l’élément-phare de la communication de N. Sarkozy sur les banlieues. Les professionnels recrutés dans les GIR ont conquis leur autonomie en élaborant un nouveau champ d’activité pénale permettant de viser des biens de grande valeur : « le patrimoine criminel » des délinquants aguerris ou appartenant aux milieux aisés. Les policiers, qui apprennent à mener ces procédures atypiques « sur le tas », définissent et mettent en œuvre des catégories de jugement sur la richesse, la pauvreté et l’immoralité de la recherche de profit à partir de leurs propres valeurs et pratiques économiques. La thèse montre comment ces équipes très hétérogènes parviennent à fabriquer et défendre un objectif commun, non prescrit, répondant aux principes d’une justice redistributive. Pour que leurs affaires réussissent, dans un univers professionnel encore peu acquis à leur cause, les agents des GIR développent des compétences de « diplomates » et de « VRP » du « patrimoine criminel ». Ainsi, ces groupes constituent un cas intéressant de « management par le projet » dans les institutions régaliennes.