Le langage est un lieu de lutte : la performativité du langage ordinaire dans la construction du genre et les luttes féministes
Auteur / Autrice : | Mona Gérardin-Laverge |
Direction : | Sandra Laugier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 14/12/2018 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne (Paris ; 2002-....) |
Laboratoire : Centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne (Paris ; 2002-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Judith Revel |
Examinateurs / Examinatrices : Sandra Laugier, Bruno Ambroise, Nancy Bauer, Judith Pamela Butler, Paola Marrati-Guénoun 19-.. | |
Rapporteur / Rapporteuse : Luca Greco |
Mots clés
Résumé
Comment penser la construction et la déconstruction du genre dans le langage ? Je montre que la philosophie du langage ordinaire — et notamment la théorie austinienne des actes de parole — peut soutenir une approche constructiviste et éclairer le rôle du langage dans la construction sociale du genre. La naturalisation du genre repose à la fois sur une représentation du langage — comme simple reflet du réel et comme « capacité » inégalement partagée — et sur des pratiques linguistiques ordinaires et scientifiques. Penser cela implique de dépasser la stricte dichotomie de l’idéologique et du matériel, pour analyser ensemble la construction et la représentation du genre dans des pratiques discursives et non-discursives. La théorie butlerienne de la « performativité du genre » permet de penser à la fois la construction du genre et sa contingence, sa possible déconstruction. Mais quel est notre pouvoir transformateur ? Si montrer qu’un phénomène n’est pas naturel ne suffit pas à le détruire, analyser sa force ne nous réduit-il pas à l’impuissance ? Pour répondre à ces questions, j’étudie des pratiques discursives de lutte. Je montre le pouvoir transformateur de pratiques de subversions et d’actes de parole insurrectionnels, qui font usage de la performativité du langage pour transformer les conditions sociales encadrant l’efficacité des discours. Je montre que ces pratiques déconstruisent le genre et produisent des collectifs de lutte, pour insister sur ce qu’une approche radicalement constructiviste du genre ouvre comme possibles pour le féminisme et l’action collective.