Thèse soutenue

Les justes bornes de la richesse : fondements normatifs et mise en oeuvre d'une richesse maximale

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Auteur / Autrice : Christian Jobin
Direction : Catherine LarrèrePeter Dietsch
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 02/02/2018
Etablissement(s) : Paris 1 en cotutelle avec Université de Montréal (1978-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne (Paris ; 2002-....)
Laboratoire : Centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne (Paris ; 2002-....)
Jury : Président / Présidente : Michel Seymour
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Larrère, Peter Dietsch, Emmanuel Picavet, Johanna Etner
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrick Turmel

Résumé

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Dans cette thèse, je tente d’établir les fondements normatifs d’une richesse maximale qui comprend deux mesures complémentaires : un revenu maximal qui peut être mis en œuvre au moyen d’un impôt sur le revenu et un capital maximal, au moyen d’un impôt sur les successions, dont le taux marginal est de 100 % dans les deux cas. Je soutiens en effet qu’une telle mesure est juste, puisqu’elle respecte les principes développés au sein de trois théories principales : le libertarisme, le suffisantisme et le prioritarisme. Puis, je soutiens aussi qu’une telle mesure est efficace d’un point de vue économique, puisqu’elle permet de mieux diffuser les incitations financières, ce qui peut avoir des effets positifs sur la production et la répartition de la richesse. D’abord, je soutiens qu’une richesse maximale respecte le principe fondamental défendu par les libertariens, c’est-à-dire la propriété de soi. Pour ce faire, je m’appuie surtout sur deux arguments : le proviso et la théorie des marchés où le gagnant rafle la mise. D’abord, je montre que si l’on associe les ressources naturelles au capital, l’application d’un proviso au principe d’acquisition interdit l’appropriation illimitée des ressources naturelles, ce qui permet de justifier un capital maximal. Ensuite, je montre que si l’on associe les fruits du travail au revenu, les marchés où le gagnant rafle la mise permettent à certains individus de recevoir des revenus qui sont supérieurs aux fruits de leur travail, ce qui viole par excès le principe de la propriété de soi et permet de justifier un revenu maximal. Ensuite, je soutiens qu’une richesse maximale respecte les principes développés au sein de deux théories faisant partie de la tradition égalitariste : le suffisantisme et le prioritarisme. Pour ce faire, je montre que ces deux théories ne sont acceptables que si elles intègrent une autre théorie que l’on appelle le limitarianisme. Selon cette théorie, toute richesse supérieure à celle dont un individu a besoin pour s’épanouir pleinement dans la vie peut être qualifiée d’immorale. Par conséquent, une telle théorie permet de justifier une richesse maximale, puisqu’elle ajoute un seuil de richesse au seuil de pauvreté que défendent déjà les suffisantistes et les prioritaristes.Enfin, je réponds à l’une des principales objections qui peuvent être soulevées contre une richesse maximale et qui porte sur l’efficacité économique du plafonnement des incitations financières. Je montre en effet qu’une richesse maximale, contrairement à ce que l’on pourrait croire, pourrait avoir des effets positifs sur la production et la distribution de la richesse. Pour ce faire, je m’appuie surtout sur trois arguments. D’abord, les incitations ont une importance surestimée en sciences économiques. Ensuite, il existe plusieurs formes d’incitations qui ne se réduisent nullement aux seules incitations financières. Enfin, il est préférable de diffuser largement les incitations financières plutôt que de les concentrer exagérément auprès d’une minorité d’individus.