Thèse soutenue

Différences variétales dans l'accumulation des solutés et le développement du raisin

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Auteur / Autrice : Antoine Bigard
Direction : Laurent TorregrosaCharles Romieu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie, Interactions, Diversité Adaptative des Plantes
Date : Soutenance le 18/12/2018
Etablissement(s) : Montpellier, SupAgro
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Amélioration Génétique et Adaptation des Plantes/UMR AGAP Montpellier
Jury : Président / Présidente : René Siret
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Torregrosa, Charles Romieu, René Siret, Eric Gomes, Grégory Gambetta, Markus Rienth
Rapporteurs / Rapporteuses : Eric Gomes, Grégory Gambetta

Résumé

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Jusqu'à récemment, les variétés destinées à la production de vin (majoritairement V. vinifera) ont été sélectionnées pour forte accumulation en sucres et composés du métabolisme secondaire (arômes, tanins, anthocyanes). Certains paramètres du changement climatique (températures, CO2) accentuent la tendance à l'augmentation des teneurs en sucres à la récolte donnant des vins plus alcooleux. L'augmentation de la teneur en alcool des vins est un phénomène planétaire, avec des augmentations annuelles de 0,16%. Cela altérant le profil qualitatif notamment en impactant l'équilibre alcool/acidité et pose un problème vis-à-vis de la santé des consommateurs.Le raisin est un fruit pulpeux non-climactérique se développant en deux phases. La première est la phase herbacée durant laquelle s’accumule majoritairement les acides maliques et tartriques. Durant cette phase, la baie grossit par mitose et expansion vacuolaire. La deuxième phase de croissance est associée à l'importation massive d'hexoses, d’eau et de potassium. A la fin de la deuxième phase de croissance, le phloème arrête son déchargement et la baie concentre ses principaux métabolites par évaporation. Certaines pratiques œnologiques permettent de réduire les teneurs en sucres des moûts ou en alcool des vins (CEE-606/2009 et CEE-53/2011), mais sont partielles ou coûteuses et peuvent impacter la qualité des vins. Les pratiques culturales ne modifient pas suffisamment le développement du raisin pour être efficaces, sauf à dégrader le potentiel qualitatif de la vendange. Sur le long terme, l'approche la plus prometteuse est la sélection variétale.Ce dernier aspect fut abordé dans le projet de thèse. En premier lieu, de nouvelles stratégies/outils de phénotypage permettant la caractérisation du développement du raisin furent développés. Ensuite, la diversité pour l'accumulation des métabolites primaires dans le raisin (V. vinifera) ou pouvant être généré par croisement avec la microvigne fut analysée. Dans un dernier volet, la caractérisation physiologique de génotypes issus d’un croisement entre V. vinifera et M. rotundifolia présentant un caractère de faible accumulation en sucres durant la maturation des raisins fut approfondie.Les résultats principaux de ce travail indiquent :1) Il est possible d’apprécier le développement d'une population de baies tant en asynchronie (bains densimétriques) qu’en hétérogénéité (Dyostem). La couleur du fruit n’était pas un bon indicateur du début de la maturation, apparaissant 1 à 5 jours après les premier signes de ramollissement des baies. Par ailleurs, les suivis réalisés à l'échelle de population de baies ont montré que pour des analyses fines, il était préférable d’analyser le fruit unique.2) Il existe une grande diversité chez V. vinifera pour ce qui concerne la compositions en métabolites primaires des baies et leurs dilutions. La possibilité de ségréger indépendamment l'accumulation d'eau, des sucres, des acides et des cations fut révélée, ouvrant d’intéressantes perspectives en termes d'innovation variétale.3) L’analyse du caractère faible teneur en sucres chez des descendants de V. vinifera et M. rotundifolia montre que ce caractère ne résulte ni d’une limitation ou d'un décalage de l'accumulation, ni d’une plus grande hétérogénéité/asynchronie des baies. Les résultats suggèrent qu'il existe des différences mécanistiques entre niveau de croissance et pression osmotique du fruit lors de la maturation entre génotypes. Cette découverte soulève de nombreuses questions : existe-t-il des différences dans les structures des parois cellulaires ou de leurs enzymes associées ? Est-ce que les cellules des baies des génotypes à faible teneur en sucres sont plus grosses ou plus nombreuses que les variétés traditionnelles ?Deux de ces descendants ont été croisés avec la microvigne pour détecter les QTLs associés à ce caractère dans l'objectif d'identifier les fonctions contrôlant ce trait d'intérêt agronomique.