Thèse soutenue

L'avortement en France à l'époque moderne. Entre normes et pratiques (mi-XVIe - 1791)

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Auteur / Autrice : Laura Tatoueix
Direction : Anna BellavitisSylvie Steinberg
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 09/11/2018
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement de préparation de la thèse : Université de Rouen Normandie (1966-....)
Laboratoire : Groupe de recherche d'histoire (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime ; 2004-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Anna Bellavitis, Sylvie Steinberg, Michel Porret, Sylvie Mouysset, Maaike Van Der Lugt, François-Joseph Ruggiu
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Porret, Sylvie Mouysset

Résumé

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Cette thèse de doctorat vise à combler un vide historiographique en proposant une synthèse sur l’avortement en France à l’époque moderne. Pratique interdite, confinée au secret, elle apparaît pourtant dans de nombreuses sources. Il s’agit tout d’abord d’interroger les discours sur l’avortement afin de comprendre les conditions de possibilité d’une telle pratique. L’avortement est, à cette époque, un terme polysémique, employé dans des contextes variés. Dans le champ médical, on s’interroge sur l’animation du fœtus, sa viabilité ; dans le champ juridique, il n’est pas distinct de l’infanticide, mais cette indistinction pose problème aux juristes. Et pour la première fois en 1791, le code pénal en fait un crime spécifique. Ce travail analyse cette évolution en questionnant les différents discours dans des domaines qui s’entrecroisent : médecine, droit, théologie. Cette thèse s’intéresse donc à la criminalisation de l’avortement volontaire mais aussi à la façon dont s’organise sa répression. En effet, l’avortement apparaît dans les archives judiciaires mais toujours associé à d’autres crimes, dans le cadre de procès pour « recel de grossesse et suppression de part », ou encore dans le cadre de l’affaire des Poisons à Paris à la fin du XVIIe siècle. Ce travail interroge les difficultés posées par la répression de l’avortement volontaire, ainsi que les biais engendrés par cette association à d’autres catégories criminelles. Cette étude porte enfin sur les pratiques elles-mêmes et appréhende l’avortement comme un phénomène social. Ce travail privilégie une approche par les acteurs/trices en s’intéressant aux femmes qui avortent et aux relations à leur entourage : mari ou amant, parents, etc. Une attention particulière est également portée à la question du secret, de la rumeur et de la dénonciation dans des communautés villageoises et urbaines, et enfin aux personnes à qui elles s’adressent pour avorter, aux savoirs sur l’avortement, à l’accessibilité de ces savoirs ainsi qu’à leur transmission.