Thèse soutenue

Visions Aqueuses en Lower Murray Country

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Auteur / Autrice : Camille Rouliere
Direction : Françoise Kral
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures étrangères
Date : Soutenance le 02/11/2018
Etablissement(s) : Normandie en cotutelle avec University of Adelaide (Australie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Équipe de recherche interdisciplinaire sur la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Amérique du Nord (Caen ; 2008-....)
établissement de préparation : Université de Caen Normandie (1971-....)
Jury : Président / Présidente : David F. Waterman
Examinateurs / Examinatrices : Françoise Kral, Jennifer Rutherford, Salhia Ben-Messahel, Claire Bazin

Résumé

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L’eau a creusé son chemin jusqu’au cœur des discussions sur le développement durable. Les discours autour de la gestion des eaux soulignent à la fois son abondance dévastatrice et son absence critique : la montée des eaux se juxtapose à la désertification ; les tornades et les inondations répondent à des périodes de sécheresse prolongées. Alors que nous polluons, canalisons et dessalinisons à un rythme toujours croissant, la nature ambiguë de notre relation avec l’eau devient visible. Pendant que nous continuons d’endommager ce qui, par-dessus tout, rend la vie possible, la précarité augmente pour l’ensemble de la population. Il n’est donc pas étonnant qu’un changement de paradigme dans notre compréhension des eaux, devant engendrer une modification dans leur utilisation, soit présenté comme l’un des plus grands et plus pressants défis de notre époque. Ma recherche répond à ce défi. Elle porte sur la poétique de l’espace, c’est-à-dire sur l’étude de la manière dont les êtres humains vivent et interagissent avec leur environnement à travers les arts. Plus précisément, j’explore les relations entre les humains, les eaux et les sons (à la fois propres et générés par les humains) dans la Lower Murray Country (Australie Méridionale). Mon but est de révéler et théoriser ces relations qui évoluent en parallèle afin d’élaborer une cartographie mettant à jour toute une gamme de manières de percevoir et de comprendre ces eaux, et d’être ensuite à même d’utiliser cette pluralité pour remettre en question—et potentiellement imaginer à nouveau—leur construction et représentation culturelles. Afin d’atteindre ce but, j’érige “les eaux” en leitmotiv qui me permet d’unifier ma recherche et me déplacer entre des espaces physiques et théoriques pour mettre en dialogue les individus et leur environnement, tant au niveau local que général. En particulier, je me sers du mouvement des eaux que forment le courant et la résonance pour opérer cette synthèse, mouvement que j’associe à la rythmanalyse et la réverbération (d’après les philosophes Henri Lefebvre et Fran Dyson, respectivement). Je me suis également inspirée du travail du philosophe et poète Édouard Glissant. En particulier, son concept de Relation est une clef pour me permettre de traduire textuellement ces mouvements des eaux. J’applique cette méthodologie aqueuse à presque deux siècles de production musicale—allant des pratiques ngarrindjeri et des ballades coloniales à la musique classique contemporaine et l’art sonore ; et presque deux siècles de modifications touchant au “caractère sonore” des eaux de la Lower Murray Country—matérialisée à travers la déforestation défigurante, la retenue des eaux, l’irrigation mais aussi la salinité croissante des eaux comme des sols. Ainsi, cette thèse se construit selon le principe d’accumulation d’exemples prôné par Glissant (Poetics of Relation 172-4). Elle est structurée autour de quatre sections—quatre visions punctiformes des eaux écrites comme un prélude à une potentielle infinité d’autres. Furtives, partielles, orientées et fragmentées, ces visions procèdent de périodes particulièrement significatives : de périodes pouvant subir des changements, de périodes charnières où des altérations radicales peuvent poindre ou apparaître effectivement.