Thèse soutenue

Conservation de l’éléphant d’Asie (Elephas maximus) par l’étude des interactions entre humains et populations sauvages et semi-captives d'éléphants : une approche intégrée des dimensions démographiques, génétiques, économiques et socioculturelles

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Auteur / Autrice : Gilles Maurer
Direction : Olivier GimenezFinn Kjellberg
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie et Biodiversité
Date : Soutenance le 19/06/2018
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Ana Rodrigues
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Gimenez, Finn Kjellberg, Anne Loison, Pierre Le Roux, Beatriz Arroyo López, Charles Stépanoff, Nicolas Lescureux
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Loison, Pierre Le Roux

Résumé

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Depuis des millénaires, l’éléphant d’Asie joue un rôle important dans la culture, l’économie et la construction des pays asiatiques. Près d’un quart de la population de cette espèce emblématique et menacée est constituée d’éléphants dits captifs. Toutefois, les législations nationales comme les programmes de conservation ont tendance à traiter séparément les populations captives et sauvages. Au Laos et au Myanmar, la tradition d’élevage par les villageois et les interactions entre éléphants sauvages et éléphants de villages perdurent.L’objectif de cette thèse est de qualifier et quantifier ces interactions afin de mieux comprendre leurs dynamiques et leurs rôles dans la survie de l’espèce. Je me suis attaché à décrire les facteurs déterminant le système socio-écologique humain - éléphant de village - éléphant sauvage et sa résilience à travers une approche interdisciplinaire et intégrative.Une étude ethnoécologique a permis d’analyser l’évolution récente du système socio-écologique homme-éléphant au Laos et ses conséquences sur les relations humain-éléphant, les pratiques d’élevage et la perception de l’espèce chez les propriétaires d’éléphants. L'émergence depuis les années 2000 de la marchandisation de la nature et de la restriction de l'accès aux forêts a conduit, d’une part, à la ségrégation entre éléphants sauvages et éléphants de villages, et d’autre part, à l’intensification de l'élevage de ces derniers. Or, la tolérance des communautés à la présence des éléphants sauvages semble liée au principe de réciprocité. Ainsi, les propriétaires ayant accès aux mâles sauvages pour féconder leurs femelles acceptent leur présence contrairement aux cornacs engagés dans le débardage du bois.J’ai ensuite construit un modèle bio-économique pour quantifier les effets des stratégies socio-économiques sur la viabilité à long terme de la population d’éléphants de villages du Laos. J’ai montré que la fécondité est impactée en premier lieu par la dynamique de la population sauvage à travers la reproduction entre femelles de villages et mâles sauvages. En second lieu, le taux de fécondité dépend de l’intérêt financier des propriétaires à faire de la reproduction. Ainsi la viabilité de la population est fortement dépendante des conditions socio-économiques sur le court terme et de l’efficience de la conservation des populations sauvages sur le long terme.Une étude de génétique des populations a montré que la diversité génétique des populations sauvages et de villages était élevée et que ces populations constituaient un ensemble homogène au Laos et au Myanmar. L’isolement des populations sauvages et la ségrégation croissante des populations de villages engendreront un appauvrissement génétique sur le long terme qu’il est possible de limiter par des mesures de gestion favorisant le flux de gènes au niveau régional et entre les deux populations, notamment en les considérant comme une unité de gestion commune.Ces deux études illustrent que la résilience du système socio-écologique est la résultante de multiples facteurs agissant à différents niveaux ou échelles, dont les effets sont parfois opposés.Cette thèse permet enfin de discuter des conditions de la résilience et de la viabilité à long terme du système socio-écologique humain-éléphant et d’explorer différents scénarios futurs en s’interrogeant également sur le possible processus de domestication de l’espèce.