Le français émergent en Algérie : étude linguistique sur les processus de création des néologismes dans la presse algérienne
Auteur / Autrice : | Karima Ghazali |
Direction : | Agnès Steuckardt |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage |
Date : | Soutenance le 12/12/2018 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Praxiling (Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : Abdenbi Lachkar |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-François Sablayrolles, Micaela Rossi |
Mots clés
Résumé
L’innovation linguistique du français est largement pratiquée dans les discours journalistiques en Algérie. En partant de la typologie des formations de mots nouveaux proposée par Jean François Sablayrolles, nous menons une analyse comparative entre les néologismes des chroniques journalistiques « Tranche de vie » (Le Quotidien d’Oran) et « Pousse avec eux » (Le Soir d’Algérie). Les résultats obtenus permettent de confirmer que le processus néologique touche des unités de différentes catégories, sans exception, mais plus particulièrement les noms. L’auteur de « Pousse avec eux » produit des néologismes nominaux, formés principalement par dérivation et par composition, en lien avec des sujets politiques. L’auteur de la chronique « Tranche de vie » produit des néologismes par des procédés variés, notamment par hybridation entre français et arabe, et en lien avec des réalités sociales : il crée ainsi par « compocation » la série samedhan, dimandhan, lundhan, mardhan, mercredhan, jeudhan, vendredhan, pour désigner les jours de la semaine pendant la période du ramadhan. Le chroniqueur tire parti de la situation de contact de langue pour opérer un métissage linguistique et culturel. L’étude montre, par ailleurs, que la production ou la (ré)utilisation des néologismes ne dépend pas forcément du besoin des journalistes de désigner des nouvelles réalités. Certaines lexies néologiques font référence à des objets déjà existants. Leur création peut résulter d’autres facteurs à savoir : la position du locuteur, le maniement de la langue et les pressions contribuant au non-respect du code. Dans nos corpus, la néologie linguistique paraît fonctionner comme un outil linguistique dont l’usage est intentionnel : elle vise à diverses fins argumentatives que l’on peut résumer dans la volonté des journalistes de persuader le lectorat, en établissant une connivence par la familiarité et l’humour. Le genre de la chronique, qui permet de s’affranchir momentanément des barrières normatives, est ainsi un lieu privilégié de la création néologique.