Thèse soutenue

Ecologie du mouvement à l'échelle locale chez les chiroptères et risques anthropiques de collisions

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Auteur / Autrice : Charlotte Roemer
Direction : Romain JulliardAurélie Coulon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie comportementale
Date : Soutenance le 14/11/2018
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Ecologie et des Sciences de la COnservation / CESCO
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Fiona Mathews, David Grémillet, Sylvie Vanpeene-Bruhier, Yves Bas, Thierry Disca

Résumé

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Avec l'Anthropocene, de nouvelles sources de mortalité animale sont apparues en conséquence au développement d'infrastructures de transports rapides (e.g. routes) et d'éoliennes. Les collisions avec ces objets rapides sont un sujet de préoccupation pour la survie de nombreux taxa, en particulier pour les chiroptères qui sont des mammifères de grande longévité et à faible taux de reproduction, et dont la survie dépend de faibles taux de mortalité. Pour prévenir ces collisions, le choix du placement de ces infrastructures doit être pensé avec précaution. Les chiroptères insectivores utilisent l'écholocation pour percevoir leur environnement et leurs proies, et leurs déplacements sont étroitement liés aux structures paysagères, qu'elles utilisent pour s'orienter. Cependant, les connaissances sur l'influence du paysage sur les déplacements des chiroptères, et donc sur les risques de collisions, sont faibles. Cela se traduit par des incertitudes dans les lignes directrices pour les études d'impact environnementales routières et éoliennes, qui sont obligatoires dans de nombreux pays. L'objectif principal de cette thèse était d'améliorer la compréhension de l'influence du paysage sur les déplacements de chiroptères, avec le but final de mettre en lumière les paysages conduisant à de forts risques de collisions routières et éoliennes. Cette thèse est d'abord introduite par une étude fondamentale de l'association entre les paramètres acoustiques des cris d'écholocation et la capacité de chaque espèce à chasser et transiter en altitudes élevées. Notre étude montre que les fréquences dominantes des cris d'écholocation et la largeur de bande sont de bons prédicteurs de la distribution verticale des espèces. Cette distribution pourrait exposer certaines espèces plus que d'autres aux collisions éoliennes. La seconde étude de cette thèse démontre qu'il y a en effet une corrélation entre la proportion de vols en altitude réalisés par chaque espèce et leur sensibilité aux collisions éoliennes. Pour cela, le premier indice de sensibilité des chiroptères aux éoliennes basé sur des données empiriques a été créé. Les troisième et quatrième études ont testé l'influence de facteurs paysagers sur les risques de collisions sur routes secondaires et parcs éoliens. Un objectif important était de déterminer comment le comportement de vol des chiroptères contribue aux risques de collision, indépendamment de la densité locale des chauves-souris. Les deux études ont démontré une grande influence de la distance aux arbres sur la densité locale, mais les motifs de vol mesurés sur les routes ont répondu plus souvent aux variables paysagères que les motifs de vol mesurés sur mâts de mesure. Cette thèse donne des recommandations pour le choix du placement des routes secondaires et des parcs éoliens en fonction de caractéristiques paysagères. Pour correctement appliquer l'étape ''éviter'' des études d'impact environnementales, ces recommandations devraient être appliquées lors de la phase de micro-évitement, qui a lieu après la phase de macro-évitement, elle-même basée sur des cartes régionales ou nationales de prédiction de densité de chiroptères. Les mesures comportementales réalisées dans cette thèse améliorent également la compréhension fondamentale des liens entre déplacement des chiroptères et caractéristiques paysagères.