Thèse soutenue

Etude génétique des populations de langue Austro-Asiatique : de la famille linguistique au groupe de parenté

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Auteur / Autrice : Bérénice Alard
Direction : Evelyne HeyerRaphaëlle Chaix
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génétique des populations et Anthropologie génétique
Date : Soutenance le 22/11/2018
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Éco-Anthropologie et Ethnobiologie (Paris ; 2009..-....)
Jury : Président / Présidente : Dominique Higuet
Examinateurs / Examinatrices : Evelyne Heyer, Raphaëlle Chaix, Dominique Higuet, Emmanuelle Génin, Stéphane Mazières, George van Driem
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuelle Génin, Stéphane Mazières

Résumé

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La diversité génétique d’une population porte en elle la trace de pratiques culturelles et est un témoignage de certains éléments passés. Ainsi, la langue, qui peut agir comme une barrière culturelle à la reproduction, et le système de parenté, qui va déterminer quand, où et avec qui les individus se reproduisent, vont influencer la diversité génétique. L’objectif de cette thèse est de tenter de retracer les histoires démographiques de populations d’Asie du Sud et du Sud-Est, à plusieurs échelles culturelles, de la famille linguistique Austro-Asiatique aux groupes de filiation en utilisant des données génétiques. Dans un premier temps, nous nous sommes intéressés à la famille linguistique Austro-Asiatique. Les langues appartenant à une même famille linguistique descendent d’une même langue « mère » et nous avons voulu savoir si en plus de cette parenté linguistique, les locuteurs de ces langues partageaient une parenté génétique. Nous avons étudié la diversité génétique autosomale de populations parlant des langues Austro-Asiatiques et nous les avons comparées à des populations voisines appartenant à d’autres familles linguistiques. Nous n’avons pas pu mettre en évidence de parenté génétique particulière entre les populations parlant des langues Austro-Asiatiques. Ces résultats excluent l’hypothèse d’une origine commune des populations parlant des langues Austro-Asiatique et favorisent l’hypothèse d’une diffusion culturelle des langues Austro-Asiatiques. Puis, nous avons étudié la parenté génétique au sein de groupes de descendance dans huit populations d’Asie du Sud-Est. Les individus appartenant au même groupe de filiation disent descendre d’un même ancêtre commun, paternel dans les populations patrilinéaires ou maternel dans les populations matrilinéaires. Nous avons voulu savoir si l’ancêtre commun de ces populations est mythique ou biologique. Nous nous sommes intéressés aux diversités génétiques du chromosome Y et de l’ADN mitochondrial de huit populations d’Asie du Sud-Est : quatre populations matrilinéaires et quatre populations patrilinéaires. Nos données montrent que des individus appartenant à un même clan matrilinéaire sont fortement apparentés génétiquement au niveau de leur lignée maternelle, visible au niveau de leur ADN mitochondrial. A l’inverse, les individus appartenant à un même clan patrilinéaire ne sont pas plus apparentés génétiquement entre eux que deux individus pris au hasard dans la population au niveau de leur lignée paternelle, visible au niveau du chromosome Y. Ces résultats témoignent de réalités différentes entre les populations patrilinéaires et matrilinéaires d’Asie du Sud-Est avec un ancêtre commun réel dans les populations matrilinéaires et un ancêtre commun mythique dans les clans patrilinéaires. Pris ensemble, ces travaux rappellent la manière dont différents processus culturels ont laissé des signatures génétiques sur les diversités génétiques uniparentales et autosomales et illustrent la manière dont le généticien des populations peut utiliser ces diversités génétiques pour retracer l’histoire démographique des populations.