Thèse soutenue

Les migrations secondaires des recrues de bivalves : approche éco-étho-physiologique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Martin Forêt
Direction : Réjean TremblayFrédéric Olivier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie marine
Date : Soutenance le 06/04/2018
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle en cotutelle avec Institut des sciences de la mer de Rimouski
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Biologie des organismes et écosystèmes aquatiques (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Gesche Winkler
Examinateurs / Examinatrices : Réjean Tremblay, Frédéric Olivier, Gesche Winkler, Tarik Meziane, Christopher McKindsey
Rapporteurs / Rapporteuses : Tarik Meziane, Christopher McKindsey

Mots clés

FR  |  
EN

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Le recrutement est un processus clé du cycle de vie des invertébrés marins benthiques, dont les bivalves. Si la phase larvaire et l’étape de fixation/métamorphose sont largement étudiées, les processus post-fixation, dont font partie les migrations secondaires, restent relativement ignorés ou du moins sous-estimés.Ces migrations secondaires ou post-fixations résultent de processus hydrodynamiques modulés par des réponses éco-éthologiques.Le présent projet proposait d’étudier les mécanismes de migrations secondaires des recrues de bivalves en développant une approche éco-étho-physiologique afin de répondre à trois objectifs : i) Estimer le poids potentiel des migrations secondaires dans les habitats de sédiments grossiers ii) Identifier des facteurs environnementaux, et plus spécifiquement ceux de l’environnement trophique en relation avec l’hydrodynamisme, qui contrôlent ces processus iii) Évaluer les potentielles interactions entre migrations secondaires et physiologie des recrues. Dans un premier temps, nous avons développé une étude in-situ des migrations secondaires des recrues de bivalves dans un habitat de sédiments grossiers dans l’archipel de Chausey (Normandie, France) via l’utilisation de pièges à recrues. En parallèle, un suivi de nombreux paramètres environnementaux (conditions hydrologiques, hydrodynamiques et trophiques) a été mis en place. Puis, nous avons étudié en conditions expérimentales, le potentiel de dispersion post-fixation de différentes espèces de bivalves exploitées et l’influence de la physiologie (en termes de réserves énergétiques) sur les migrations secondaires. Pour ce faire, nous avons utilisé des outils innovants, tels un tube de vitesse de chute et un canal hydrodynamique tout en développant la zootechnie de l’élevage larvaire et poste-larvaire de la praire, Venus verrusosa. Nos résultats mettent en évidence l’importance des migrations secondaires des recrues de bivalves dans les habitats de sédiments grossiers avec près de 24 taxons différents de bivalves identifiés en migration. Certaines de ces migrations post-fixations correspondraient à des changements ontogéniques d’habitats, et les habitats de sédiments grossiers constitueraient une zone de nurserie pour plusieurs espèces. De plus, ce projet démontre, pour la première fois, le rôle de la physiologie et de l’environnement trophique dans le contrôle des migrations secondaires et cela à différents niveaux. Nous avons observé une synchronisation entre un événement massif de migrations secondaires actives et un changement de la composition de la communauté phytoplanctonique, plus particulièrement un bloom de nanoeucaryotes. Cette réponse des recrues de bivalves à un signal trophique pélagique («trophic migration trigger», TMT), pourrait être due au coût énergétique supplémentaire associé aux comportements actifs de migration. En effet, nous avons ensuite constaté en conditions expérimentales que la capacité des recrues à contrôler leur dispersion par leur comportement est directement corrélée avec leur profil physiologique. Les recrues avec le plus de réserves énergétiques ont une meilleure capacité d’accroître leur potentiel de dispersion par leur comportement. Aussi les recrues migreraient quand leur principale source de nourriture est disponible dans le milieu afin de mieux supporter le coût des comportements de migrations secondaires actives comme la dérive byssopélagique. De plus, le potentiel de migration post-fixation apparait comme fortement lié à la synchronicité entre la période d’arrivée de la larve sur le sédiment et le cycle de marée (morte-eau ou vive-eau), mais également aux taux de croissance post-larvaires qui dépendent eux-mêmes de l’environnement trophique. Les patrons de migrations secondaires des recrues bivalves résultent donc d'un étroit couplage physico-biologique impliquant l'hydrodynamique, mais aussi des réponses éco-éthologiques modulées par des processus physiologiques en lien avec l’environnement trophique.