Thèse soutenue

Des gravats dans la ville : Pour une approche matérielle de la démolition

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Auteur / Autrice : Laetitia Mongeard
Direction : Vincent Veschambre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie, aménagement et urbanisme
Date : Soutenance le 17/12/2018
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Environnement, ville, société (Lyon ; 1995-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Lydia Coudroy de Lille
Examinateurs / Examinatrices : Sylwia Kaczmarek, Omar Merabet
Rapporteurs / Rapporteuses : Sabine Barles, Pierre Bergel

Résumé

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Tandis que la ville se renouvelle sur elle-même, les opérations inhérentes à ce phénomène produisent des quantités de déchets au moins équivalentes à celles des déchets ménagers dans le cas français. Parmi ces déchets figurent les gravats, visibles tantôt sous forme de montagnes sur les chantiers emblématiques, tantôt en tas informes en dépôt sauvage. L’enjeu du devenir de ces pondéreux est pris en compte par un cadre réglementaire qui impose leur valorisation. Du côté de la construction urbaine, ces déchets sont de plus en plus appréhendés comme gisement potentiel constituant une alternative aux ressources naturelles, dans des approches en termes de métabolisme territorial et d’économie circulaire. À travers le cas de l’agglomération lyonnaise, cette thèse considère le processus de production de ces gravats constitués comme matières premières secondaires. La démolition – objet principalement des sciences de l’ingénieur et en creux des sciences humaines et sociales dont la géographie – est appréhendée par sa matérialité, par le biais du suivi des gravats à partir d’un échantillon de chantiers. Considérant tour à tour la production des gravats, leur circulation et l’organisation et le fonctionnement du système en jeu, la thèse interroge les modalités et conditions de la participation de ces matériaux à la construction urbaine. Loin de faire l’objet, comme d’autres déchets, de filières de traitement institutionnalisées pour répondre au cadre réglementaire, les gravats relèvent d’un statut de déchet faible parce que potentiel et leur valorisation dépend de pratiques, tant techniques que spatiales – essentiellement de proximité – dès le début du chantier de démolition. La démolition, garante du devenir de ses matériaux, apparaît alors comme déterminante, menée aujourd’hui par un secteur entier dédié à la « déconstruction » et soumis à de forts enjeux d’adaptation à un contexte économique global pour une activité ancienne très ancrée dans son territoire. La participation des gravats à la construction urbaine passe par ailleurs par des valorisations basées sur une forte logique de proximité spatiale mais relevant d’enjeux distincts et potentiellement concurrent rendant nécessaire une structuration et hiérarchisation des matériaux comme des usages qui peuvent en être faits. Enfin, le système de transformation des gravats en matières premières secondaires se constitue actuellement, présentant alors l’aspect d’une filière dont l’enjeu sera probablement de coordonner les acteurs et pratiques existantes.