Thèse soutenue

Les disciplines de l'industrie : le patronat métallurgique et la formation organisée des travailleurs dans la région de Saint-Etienne (1865-1954)

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Auteur / Autrice : Antoine Vernet
Direction : Hervé JolySerge Paquier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 30/11/2018
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Equipe de recherche : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : Anne Dalmasso
Examinateurs / Examinatrices : Renaud d' Enfert, Pierre Lamard, Françoise Laot

Résumé

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La formation des travailleurs présente, à l’intersection des politiques publiques et de l’action privée, un objet potentiellement conflictuel. Le développement d’une offre différenciée s’est appuyé sur la détermination d’objectifs négociés. Les modalités de la préparation au travail divergent selon les branches professionnelles et les conceptions patronales des savoirs nécessaires à la production industrielle à à son organisation. L’offre publique et l’offre privée se sont tantôt opposées, tantôt complétées afin de répondre à l’ensemble des besoins en compétences. Le cas des industries métallurgiques et mécaniques de la région de Saint-Étienne, permet d’étudier les motivations et rapports de forces à l’œuvre. Depuis le Second Empire, l’offre de formation ne cesse de se développer. La pérennité de ces réalisations se révèle au départ fragile, par sa dépendance à l’initiative municipale ou à l’action collective privée. L’œuvre scolaire de la Troisième République modifie la donne. Le développement à partir de 1879 d’une offre municipale d’enseignement technique suscite la réaction du clan clérical, soutenu par les bourgeoisies catholiques locales. L’évolution de ces deux offres s’explique par une différence importante dans les objectifs de ces formations scolaires, entre, d’une part, savoirs scientifiques et techniques et, d’autre part, objectifs moraux et hiérarchiques. À travers les différentes stratégies patronales à l’œuvre, entre externalisation et intégration de la fonction formation, la préparation d’une élite ouvrière tend à placer la question de l’autorité au cœur du dispositif. Avec le début du XXe siècle, l’institutionnalisation des cours professionnels comme support de l’apprentissage ouvrier s’inscrit dans la continuité de la scolarisation des décennies précédentes. La montée de la conflictualité ouvrière, l’évolution des techniques de production et de leur organisation donnent une importance nouvelle aux compétences scientifiques et techniques. Le patronat, soucieux de ses prérogatives dans le domaine des relations sociales, tente de limiter l’intervention de l’État. La taxe d’apprentissage est un exemple remarquable. L’offre de formation ouvrière, publique comme privée, est confortée dans ses fonctions par le patronat métallurgique. Les innovations demeurent faibles jusqu’au développement difficile des formations professionnelles accélérées à la fin des années 1930. La Seconde Guerre mondiale confirme l’intérêt des employeurs pour des filières de formation moins engoncées dans les normes de l’Éducation nationale. L’étatisation de l’apprentissage ouvrier traduit enfin, après la Libération, le ralliement du patronat métallurgique à la forme scolaire.