Thèse soutenue

Autoconstructions médinale tunisoise actuelle et déconstructivime architectural : quelles ressemblances esthétiques ?
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Sami Kamoun
Direction : Mahsouna SellamiHélène Vacher
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 18/12/2018
Etablissement(s) : Université de Lorraine en cotutelle avec Université de Tunis (1958-1988)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire
Jury : Président / Présidente : Hamadi Bouabid
Examinateurs / Examinatrices : Mahsouna Sellami, Hélène Vacher, Daniel Payot, Clara Sandrini, Roland Huesca
Rapporteurs / Rapporteuses : Nomen Gmach, Daniel Payot, Clara Sandrini

Résumé

FR  |  
EN

Depuis la nuit des temps, les autoconstructions médinales tunisoises ont été, souvent brutalement, rasées par les autorités. L’avènement de la révolution de 2011 a revivifié leurs réapparitions. Les dynamiter une nouvelle fois aggraverait l’hémorragie de leurs renouvellements. Les « valoriser », les regarder autrement au lieu de s’en débarrasser, pourrait ouvrir de nouveaux horizons. Les considérer dans un comparatisme avec le Déconstructivisme nous conduirait certainement vers de fructueuses voies. Comparer ainsi la complexité, le chaos, la bizarrerie formelle et géométrique déployée par la déconstruction architecturale et les caractères formels des autoconstructions de la médina, constitue l’hypothèse de travail qui nous a guidé. La problématique développée dans la thèse consiste à porter un autre regard sur les autoconstructions de la médina de Tunis, en convoquant l’esthétique du Déconstructivisme afin de le discuter, voire de l’enrichir, d’une part, et, d’autre part, de promouvoir une autre approche de l’habitat spontané dans la ville de Tunis qui serait susceptible de fournir une autre lecture du phénomène de son émergence. L’une des ressemblances de l’autoconstruction au regard de la déconstruction architecturale tient à sa non-réglementation. Il en découle des espaces totalement bizarres, des plans déformés, des angles insolites, des lignes brisées, des asymétries télescopées... L’« idée » de déréglementation des autoconstructions transgresse nos habitudes de voir l’architecture. Elles nous semblent plutôt « vides de règles » que « déréglementées » et apparaissent complètement non académiques, non architecturales et pratiquement sans architectes qualifiés. Une autre ressemblance entre les (auto-) et (dé-)constructions réside dans l’ « idée » de ruine. Témoins de déshérence générale, de précarité et de souffrances, les autoconstructions incarnent le lieu d’une défragmentation chaotique de l’architecture. Planchers abandonnés, poteaux inachevés, façades hasardeusement superposées, revêtements anarchiquement combinés, constructions complètement ou partiellement ruinées... ; tous ces fréquents aspects esthétiques entretiennent de curieuses résonnances avec beaucoup de réalisations déconstructivistes. Une troisième ressemblance réside dans l’aspect d’incomplétude. En parcourant les ruelles de la médina, nous rencontrons des talus de sables, des sacs de ciments, des graviers, des briques, des pierres, des tôles ondulées, des déchets de bois, etc. Les autoconstructions médinale tunisoise sont-elles en « voie de déconstruction » ? Pourraient-elles inspirer les architectes déconstructivistes ? Pourrions-nous proposer que le Déconstructivisme constitue le meilleur appui théorique pouvant valoriser les aspects esthétiques des autoconstructions tunisoises ?