Thèse soutenue

Interprétation et croyance : le sens de la religion chez Ludwig Feuerbach

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Auteur / Autrice : Mélanie Zita Dioba
Direction : Christian BernerPhilippe Sabot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 22/10/2018
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Savoirs, textes, langage (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Jury : Président / Présidente : Vincent Delecroix
Examinateurs / Examinatrices : Christian Berner, Philippe Sabot, Vincent Delecroix, Antonia Birnbaum
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Delecroix

Résumé

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Cette thèse porte sur la critique feuerbachienne de la religion. Nous proposons d'envisager cette critique à partir des concepts d'interprétation et de croyance. L'analyse rend compte des divers rapports réels ou imaginaires (mais parfois nécessaires) que la conscience entretient avec soi, avec les autres et avec le monde environnant. Il s'agit par-là de mettre en avant la méthode génético-critique, développée par Feuerbach, qui se veut une herméneutique du sens, comme direction et signification, qui se donne pour but de dévoiler, c'est-à-dire de mettre au jour et à jour la vraie signification de la religion, qui est une signification anthropologique (et non théologique). Expression naturelle et intrinsèque de l'essence humaine, fonction éternelle de l'esprit humain, la structure de la conscience religieuse se doit d'être réinterprétée selon Feuerbach - afin de sonner le glas de la fausse religion - qui se caractérise par un rapport faussé au réel - et de revenir à la vraie religion, la religion de et pour l'homme, dans laquelle ce dernier peut s'accomplir en tant qu'être libre et communautaire. Il s'agit donc pour Feuerbach non pas de supprimer ou d'oublier la religion, mais de la restaurer et peut-être de la réinventer. Pour réaliser cet objectif, Feuerbach s'est proposé de lire anthropologiquement la religion - plutôt que religieusement ou théologiquement. Il a ainsi fallu déplacer la critique vers un terrain séculier ; le but n'étant pas de contester la valeur, ni même la valeur historique du donné religieux, mais de rétablir le sens qui concorde avec la réalité humaine. C'est d'ailleurs sur cette base que Feuerbach propose sa philosophie de l'avenir en rapport avec cette nouvelle religion de l'homme qui exige un retour au sensible. On voit apparaître - à partir de cette nécessité de faire valoir le sens à travers les diverses expériences de conscience du sujet - un humanisme qui se présente à la fois comme athée et religieux. Mais ce qui semble relever du paradoxe mérite d'être analysé comme une possibilité de redéfinition des concepts d'athée et de religieux, de telle sorte qu'il n'apparaît pas nécessairement oxymorique - d'un point de vue général, mais surtout feuerbachien - de parler d'un athéisme religieux. Cela rejoint d'ailleurs le développement de thèmes plus actuels qui ne cessent d'accorder de la valeur et de faire place à cette possibilité de vivre le religieux ou la spiritualité autrement qu'en rapport avec des dogmes ou des pratiques codifiées. Notre thèse se propose ainsi de saisir l'intention, la valeur, l'envergure de la pensée de Feuerbach et surtout l'influence qu'elle a eu sur d'aitres pensées philosophiques.