Thèse soutenue

Des savoirs sans effet : l'espace controversé de la nutrition

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Auteur / Autrice : Camille Boubal
Direction : Olivier Borraz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 13/09/2018
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de sociologie des organisations (Paris)
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Henry
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Borraz, Alexandre Mallard, Abigail Cope Saguy, Charlotte Halpern
Rapporteurs / Rapporteuses : Alexandre Mallard, Abigail Cope Saguy

Résumé

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Cette thèse porte sur le développement, en France, d’une politique de santé publique en nutrition. Au moyen d’entretiens, d’observations et d’un travail sur archives, cette enquête approche 1) l’élaboration et les usages des instruments de prévention au plus près des acteurs qui les conçoivent et les mettent en œuvre ; 2) les controverses relatives à la réglementation du marketing agroalimentaire ; 3) l’introduction de sciences comportementales (le marketing social, le nudge et les neurosciences sociales) en nutrition. Au croisement de la sociologie de l’action publique, de la sociologie des organisations et de la sociologie de l’expertise, cette thèse montre que la mise en œuvre d’un programme de prévention en santé publique, le Programme National Nutrition Santé (PNNS), ne permet pas d’aboutir à une stabilisation d’une définition, même contestée, du problème de la nutrition. L’élaboration des instruments de prévention fait apparaitre plusieurs tensions, entre la volonté de promouvoir une bonne alimentation sans contester le marché et celle d’individualiser les messages sans stigmatiser les conduites individuelles. La fin des années 2000 est marquée par la publicisation de savoirs présentés comme efficaces pour « changer les comportements » nutritionnels : le marketing social, le nudge et les neurosciences. Mais en dépit des annonces politiques et d’expertises enthousiastes, ces savoirs ne sont pas finalement traduits dans l’action publique. Les savoirs comportementaux intéressent moins pour leur contenu que pour les usages stratégiques variés dont ils font l’objet. Des acteurs hétérogènes (membres d’agences sanitaires, acteurs privés, scientifiques) y ont recours principalement pour contester d’autres formes de savoirs et d’acteurs et se légitimer et non pas pour transformer l’action publique.