Thèse soutenue

Déstabilisation des glaciers rocheux dans les Alpes Françaises : une évaluation à l'échelle régionale et locale

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Auteur / Autrice : Marco Marcer
Direction : Philippe Schoeneich
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Geographie
Date : Soutenance le 19/12/2018
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble, Isère, France ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France)
Jury : Président / Présidente : Étienne Cossart
Examinateurs / Examinatrices : Christian Vincent
Rapporteurs / Rapporteuses : Thomas Ingemen-Nielsen, Reynald Delaloye

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le permafrost de montagne est menacé par le réchauffement atmosphérique, une évolution qui s’accompagne de l’augmentation des phénomènes tels que les chutes de pierres, la formation de thermokarsts et l’accélération des glaciers rocheux. La déstabilisation des glaciers rocheux, qui compromet l’intégrité structurelle de ces formes, semble liée au réchauffement atmosphérique, et a suscité un intérêt grandissant au cours des dernières années. Ce phénomène, qui peut être provoqué par le réchauffement du pergélisol ou des contraintes mécaniques externes, est caractérisé par une accélération anormale des glaciers rocheux affectés, et par l’apparition des signes géomorphologiques telles que des fissures et des crevasses à sa surface. Bien que ce processus peut être transitoire, il peut déterminer une phase de crise amenant le glacier rocheux à un effondrement.Cet étude se préfixe de fournir une première évaluation des phénomènes de déstabilisation de glacier rocheux à l’échelle des Alpes françaises. Dans un premier temps, l’empreinte spatiale du pergélisol a été évaluée afin de produire une carte de répartition du pergélisol régionale, un outil nécessaire pour estimer l’état du permafrost dans les glaciers rocheux. La deuxième étape a consisté à identifier les formes déstabilisées grâce à une observation ponctuelle des images aériennes afin d’identifier les caractéristiques typiquement observables sur les glaciers rocheux déstabilisés. Il est alors possible de comprendre les conditions topoclimatiques typiques dans lesquelles se produit ce phénomène et de repérer les formes susceptibles de subir ce processus. Enfin, les efforts ont été concentrés sur le glacier rocheux du Lou, déstabilisé, qui, du fait d’un détachement de couche active, a conduit à une lave torrentielle en Août 2015. L’analyse a visé à mieux définir les circonstances de cet événement, en mettant l’accent sur les facteurs de préconditionnement, de préparation et de déclenchement et sur leur interaction avec le processus de déstabilisation.Les résultats ont fourni des informations riches sur la zone périglaciaire de la région. La modélisation de la répartition du pergélisol a mis en évidence les étendues de la zone périglaciaire dans la région qu’on peut trouver sur les pentes de débris au-dessus de 2300 - 2500 m.a.s.l. en fonction de l’exposition solaire et des caractéristiques régionales des précipitations. L’observation des photographies aériennes a permis d’observer 46 formes en cours de déstabilisation, soit 12% des glaciers rocheux actifs des Alpes françaises. Il apparaît que la déstabilisation est plus susceptible de se produire dans certaines conditions topoclimatiques locales spécifiques, en particulier dans des pentes exposées au nord, raides et convexes situées aux marges inférieures de la zone de pergélisol. Un grand nombre de glaciers rocheux ne présentant actuellement aucune déstabilisation sont donc susceptibles d’être affectés par une déstabilisation future. L’analyse du glacier rocheux du Lou a révélé que la déstabilisation est liée à une avancée rapide du front vers un ravin torrentiel. Ce processus semble avoir accru la prédisposition des matériaux détritiques du front à être mobilisés par du ruissellement, des précipitations relativement modérées ayant suffi à déclencher l’événement.Malgré les incertitudes liées aux méthodes impliquées, les résultats suggèrent que les conditions favorables à la déstabilisation sont fréquentes, et que cette dernière peut augmenter le niveau de risque si le site est connecté à des infrastructures humaines. Des efforts supplémentaires doivent donc être entrepris, afin d’améliorer la compréhension de ces processus, notamment par la surveillance des sites ainsi que par une évaluation locale complète des cascades de processus liés à ce phénomène.